Grève à la Veille sociale de Toulouse contre la pénurie de places d’accueil pour les personnes sans-abris

Le 115 ne répond plus

80 à 90%. C’est la proportion d’appels qui ne peuvent plus être pris en charge par le 115. Cela représente 200 à 250 refus d’hébergements chaque soir ; autant de personnes en détresse qui ne trouveront pas de solution et devront dormir dehors.

La CGT dépose un appel à la grève reconductible pour ce jeudi 21 janvier pour protester contre cette situation. Il est remarquable que cette grève porte non pas sur des intérêts matériels directs des salarié-e-s mais sur le souci d’un service social décent. Il ne faudrait pas pour autant sous-estimer la violence psychologique que ce problème provoque chez les salarié-e-s.

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Crédits © pixabay.com

48 heures

C’est la durée qu’aura accordé la Préfecture pour le plan « Grand Froid », qui n’aura duré qu’un week-end. Ce plan permettait de créer 52 places de plus par nuit. En dehors de sa tenue, ce n’est qu’en moyenne 2 places par nuit qui peuvent être proposées aux personnes qui les demandent. Cette levée du plan va pourtant à l’encontre des préconisations de la ministre du logement Sylvia Pinel.

Un recours excessif à la halte de nuit

La halte de nuit est normalement un accueil spécialisé pour des personnes qui ne sont plus capables de fréquenter des espaces collectifs ou ayant besoin de ressortir au cours de la nuit.

Avec le manque de places d’accueil disponibles, les salarié-e-s de la veille sociale sont amené-e-s à orienter les personnes vers la halte de nuit, alors que leur profil ne correspond pas à cette structure.

Les femmes particulièrement victimes du manque de places

C’est particulièrement le cas des femmes seules. Il faut savoir qu’en France il y a majoritairement des accueils pour les hommes et non pour les femmes. Cela correspond à l’idée qu’un homme dans la rue est plus dangereux qu’une femme, et qu’il faut socialement contrôler sa violence. Cela correspond aussi au fait que la proportion des hommes parmi les sans-abris est plus élevée que celle des femmes. Chargées des relations sociales dès leur plus jeune âge, celles-ci se retrouvent plus rarement isolées que les hommes éduqués à l’égocentrisme. Mais cette réalité n’est pas proportionnée aux chiffres de l’accueil. Si deux sans-domiciles sur cinq sont des femmes (source INSEE), elles représentent 48% des 18-29 ans, et certains centres fixent un âge minimum de 40 ans pour les accueillir. En Ile-de-France, le ratio entre l’offre et la demande va « de 1 place pour 25 demandes à 1 place pour 1 000 demandes selon les lieux, soit une médiane de la distribution se situant à 1/200 » (source Mission d’information sur la pauvreté et l’exclusion sociale).

Les femmes dans la rue sont donc une réalité. En particulier les femmes migrantes, ou les femmes en fuite du domicile conjugale. Dans ces cas, ces femmes sont souvent accompagnées d’enfants, qui constituent une pression économique supplémentaire. Elles sont alors particulièrement exposées et vulnérables. Des foyers d’accueil réservés aux femmes sont une demande récurrente du mouvement féministe.