Une semaine à Paris 8, pour visibiliser les groupes minorisés

Photo de l’université
Crédits © J-N Lafargue (Wikimedia Commons)

« Parle à mon genre », c’est une semaine d’ateliers et d’échanges autour des thèmes « Genre, Sexualité, Travail et Mobilisation », sur le fond du mouvement contre la loi travail. Ces échanges étaient axés sur la précarité des groupes minorisés, ainsi que sur leur rapport dans la mobilisation. De nombreuses thématiques ont été abordées : la transidentité (dont la place des meufs trans racisées à Stonwall), le handicap, l’anti-spécisme, la division du travail, le consentement (au sens large, mais y compris sexuel) et le langage.

Un atelier de théâtre de l’opprimé et une projection-débat du film « Remue ménage dans la sous-traitance » ont aussi eu lieu. Le groupe a également organisé différents ateliers non-mixtes de partage d’expériences (mec trans, meuf trans, lesbienne/gouine, personne non-binaire et bi-e/pan).

Des associations et collectifs ont été invité-e-s pour animer certains échanges. OUTrans, sur la précarité des trans, les Cent Culottes pour la formation sur le consentement, et le Collectif Lutte et Handicaps pour l’Égalité et l’Émancipation (CLHEE) sur la psychophobie et le validisme. (Le détail du programme se trouve sur l’événement Facebook.) Cet événement s’inscrit dans la suite des nombreux ateliers qui se sont déroulés à l’université Paris 8. Il s’est inspiré de la semaine de la parole non blanche organisée 3 semaines plus tôt. D’autres événements plus ponctuels seront programmés à l’avenir par le groupe.

Un groupe organisateur non-mixte

Le groupe non mixte meufs et genres minorisés s’est formé au début du mouvement sur la loi travail. Peu formel, c’est un regroupement spontané de personnes, avec l’envie de discuter en non-mixité de ce qui se passe dans la mobilisation. Le groupe a été à l’origine de plusieurs autres initiatives : une tribune non-mixte à l’AG ou encore un décompte des prises de parole en AG (hommes/femmes/non-binaires, blanc-he-s/racisé-e-s, professeurs/étudiant-e-s, encarté-e-s/non-encarté-e-s). Malgré les biais, cela a permis de mettre en valeur les rapports de pouvoir dans l’AG et par extension, dans le mouvement.

Enfin, le groupe a permis la tenue d’une salle en non-mixité lors de deux soirées de soutien à la caisse de grève. Fonctionnant de manière horizontale et au consensus, le groupe a pu générer une certaine condescendance, accusé par certains de cliver le mouvement. Mais les plus fortes réactions ont eu lieu à l’occasion des soirées de soutiens. Des mecs cis ont essayé de forcer le passage et exigé des justifications, ce qui a provoqué un tollé sur réseaux sociaux.

Cependant, malgré une injonction à la pédagogie, les personnes décriant la non-mixité n’ont pas été présentes à la semaine, pourtant organisée en mixité. D’ailleurs, la nécessité d’un tel groupe est réelle. Les questions abordées trouvent difficilement leur place dans le mouvement de Paris 8, souvent considérées comme secondaires. Et les oppressions ont atteint un niveau tel que certain-e-s membres du groupe ne se sentent pas assez à l’aise pour participer au reste de la mobilisation.

Théâtre de l’opprimée
Au cours de la semaine un atelier de théâtre de l’opprimé en non-mixité s’est déroulé. Cet outil sert à sensibiliser et surtout permettre aux opprimé-e-s de tester et mettre en place des stratégies pour lutter contre les oppressions au quotidien.
Le fonctionnement est le suivant : chaque personne décrit une scène d’oppression vécue, puis elles sont reproduites avant d’être représentées devant un public. (Ici l’atelier a été divisé en deux groupes, pour permettre à chacun de jouer devant l’autre.) Elle est jouée une première fois sans interruption. Puis un deuxième jeu où les spectat-eur-rice-s peuvent arrêter la scène pour prendre la place d’un-e des protagonistes (opprimé-e ou témoins). Illes tentent de changer le déroulement de la scène par la mise en place d’actions et stratégies.