12 séries féministes à (re)découvrir pendant l’été :

C’est l’été, il fait beau (parfois) et avec les vacances viennent les longues soirées : les potesses qui sont davantage disponibles pour passer des nuits ensemble à binge-watcher, ou à l’inverse leurs départs massifs qui nous laissent attristées devant leurs photos de couchers de soleil sur la mer… Face à cela, on vous propose une liste de 12 séries à découvrir ou à redécouvrir depuis votre canap’ (ou votre lit, no judging)

Il est évident que la sélection ne saurait être exhaustive et que certaines vont se sentir fort frustrées de ne pas voir leurs séries préférées apparaître ; nous vous proposons donc de les indiquer en commentaires de l’article sur notre page Facebook 🙂

Le premier critère qui nous a guidées dans notre choix est le Bechdel Test. Pour passer ce test, la série doit comporter au moins deux personnages féminins, qui s’adressent la parole, pour parler d’autre chose que d’un personnage masculin (par exemple la fin du monde). Ça a l’air facile, mais il est probable que beaucoup de vos films favoris ne passent pas le test. Snif.

Le deuxième critère : la série doit comporter des personnages féminins forts, c’est-à-dire complexes, fouillés et positifs. Si c’est que des méchantes, c’est de la merde.

Le troisième critère est la prise en compte de la condition féminine (dans le cadre de son univers), notamment en termes d’oppression, de violences, de sexualité. Et un bonus pour les séries comportant un angle LGBTIQ.

 

LES CLASSIQUES :

Orphan Black (2013 – en cours, 5 saisons) :

Incontournable et indétrônable. Il faut voir cette série.

Comment parler d’Orphan Black sans spoiler ? En effet c’est une série avec (environ) 477 rebondissements par épisode. Elle est à la fois très bien écrite et très bien jouée.

Pitch : Sarah, une jeune femme marginale, revient à Toronto pour voir sa fille qu’elle a laissée à sa propre mère adoptive. En attendant le train, elle assiste au suicide d’une jeune femme lui ressemblant trait pour trait. Après une courte hésitation, elle décide d’endosser son identité. Mais nous réalisons bientôt que d’autres femmes au même visage existent… Suspense !

Le point fort : la sororité comme principe central.

Orange is the New Black (2013 – en cours, 5 saisons) :

Présente-t-on encore OITNB ?! Même si tout ne fait pas consensus, la série s’est imposée comme une référence féministe et intersectionnelle.

Pitch : Dans une prison pour femmes, les péripéties d’un large éventail de personnages : leurs rêves, leurs amours, et leurs désillusions.

Le point fort : la variété des personnages, et donc des façons d’être femme (y compris trans).

Sense8 (2015 –  terminée, 2 saisons) :

La série des sœurs Wachowski, réalisatrices de Matrix. Cette série a fait l’événement pour le passage à la télévision de ces deux grandes cinéastes.

Pitch : 8 personnages se retrouvent connecté.e.s les un.e.s aux autres à travers le globe. Illes se découvrent, s’entraident, s’aiment, parfois, et tentent de survivre face à l’organisation qui les pourchasse.

Le point fort : la quasi absence de mecs blancs dans les personnages principaux (2 sur 8).

 

LES INTÉRESSANTES :

Masters of sex (2013 – terminée, 4 saisons) :

Malgré un titre qui semble racoleur, une série fine et instructive sur les débuts de l’étude de la sexualité humaine.

Pitch : A la limite du biopic (quand même romancé), Masters of sex suit les travaux de William Masters et Virginia Johnson, pionnier-e-s en la matière. La série aborde de nombreux autres thèmes, ancrés dans son époque, les années 1950 et 1960. De nombreux personnages secondaires approfondi-e-s et des situations éthiquement complexes apportent de la richesse au scénario.

Le point fort : la quantité incroyable d’informations et de questions sur la sexualité apportées par la série.

Call the midwife (2012 – en cours, 6 saisons) :

Loin de se limiter à une description de l’obstétrique, Call the Midwife est plus fine qu’une première approche pourrait le laisser croire et aborde de très nombreuses thématiques.

Pitch : Comme la précédente, Call the midwife se déroule dans les années 1950 et 1960, mais cette fois dans un quartier défavorisé de Londres. On y suit une équipe de sages-femmes, certaines religieuses, d’autres laïques, qui s’efforcent d’apporter leurs compétences à une population souvent démunie et désinformée. Incidemment, d’autres questions affleurent, comme l’homosexualité, les relations interraciales, l’avortement et l’infanticide…

Le point fort :  à mi-chemin entre série sociale et série médicale, Call the midwife est surtout notable pour la valorisation du travail et des compétences des femmes.

UnREAL (2015 – en cours, 2 saisons) :

Initiée par une ancienne productrice de The Bachelor, UnREAL dévoile les coulisses de la soi-disant « télé-réalité », avec force rebondissements et dramas.

Pitch : La jeune productrice Rachel Goldberg, revient sur le tournage de Everlasting, une émission sur le modèle de The Bachelor. Son rôle : assurer par la manipulation des candidates, les meilleures audiences pour l’émission.

Le point fort : les personnages féminins forts et crus, cyniques et peu sensualisés.

 

LES PERLES MECONNUES :

Jessica Jones (2015 – en cours, 2 saisons) :

Ahlala Jessica Jones… On se dit qu’on va regarder un nanard de Marvel et on est désarçonnées par la qualité et la finesse psychologique du scénario. Entre les thèmes explicites (qu’est-ce qu’une héroïne) et implicites (comment échapper à l’emprise d’un agresseur), la série brosse le portrait d’une femme forte, mais ni invulnérable ni inhumaine. A la fois violente, drôle et angoissante, une série qui doit cependant s’accompagner d’importants TW (trigger warning : alerte aux scènes pouvant ressusciter des traumas chez certainEs).

Pitch : Jessica Jones est dotée d’une force surhumaine. Mais contrairement à d’autres de ses “collègues”, elle refuse de jouer aux super-héros et traîne son quotidien de détective miteuse et alcoolique. Jusqu’à ce qu’un fantôme de son passé ressurgisse, la forçant à se confronter à ses démons.

Le point fort : L’amitié indestructible entre femmes, un thème assez rarement abordé dans les séries qui préfèrent souvent les mettre en concurrence.

My mad fat diary (2013 – 2015, terminée, 3 saisons) :

< GUEST : Pour ce paragraphe nous avons recueilli l’expertise de Crassula, nouvelle venue aux Ourses à plumes, bienvenue à elle ! >

Dans My mad fat diary, c’est bien simple, on reconnaît toutes l’adolescente complexée que l’on était dans au moins une des personnages principales. C’est une série qui prend le problème à bras le corps, entre sérieux et dérision, avec une bonne dose de réalisme et de poésie.

Pitch : Rae a 16 ans en 1996 et, de ses propres mots, elle est grosse, elle est folle, et ne voit pas pourquoi quiconque voudrait être ami.e avec elle. Ou, pire, sortir avec elle. A sa sortie de l’hôpital psychiatrique, commence un long travail de reconstruction de soi, mais aussi tout simplement de construction de soi, car elle a à affronter, comme toutes les filles de son âge, cette période qui nous voit nous affirmer. Les disputes avec sa mère, les crushs à tout va et la musique des nineties côtoient des moments bien plus sombres, qui nous toucheront toutes quelque part.

Le point fort : Une fille grosse qui a des joies et des peines qui ne tournent pas TOUTES autour de son tour de taille, du jamais vu !

The Bletchley circle (2012 – 2014, terminée, 2 saisons) :

Dans The Bletchley circle, les héroïnes ne sont ni jeunes ni particulièrement canons, mais on s’en fout car elles sont extrêmement intelligentes. Rafraîchissant, non ?

Pitch : Pendant la Seconde Guerre mondiale, Susan, Millie, Lucy, et Jean travaillaient au décryptage des codes allemands. La guerre finie, elles retournent à leurs foyers, leurs bureaux, leurs époux, dans l’oubli et l’anonymat. Mais un tueur en série qui semble sévir selon une logique mathématique provoque leurs retrouvailles dans l’espoir de l’arrêter.

Le point fort : La valorisation de l’expérience et de la perspicacité des anciennes de Bletchley Park, qui fut réellement le principal centre de décodage britannique durant la guerre, avec 75% de personnel féminin.

 

LES SURPRENANTES :

Pretty little liars (2010 – en cours, 7 saisons) :

Oui, on est sérieuses, pourquoi ?

Pitch : Parfois appelée “Le Desperate Housewives des ados” Pretty little liars en reprend certains codes : 4 amies, une banlieue, un meurtre, un corbeau. Ça c’est pour le démarrage, car tout devient très vite BEAUCOUP plus compliqué. A l’amitié chaotique mais solide de ces quatre adolescentes (dont les personnalités et les attirances sont en fait bien plus complexes que celles de leurs illustres aînées), s’ajoute un traitement plutôt fin de certaines thématiques liées à l’aliénation féminine autour du thème récurrent du secret… on n’en dira pas plus.

Le point fort : la dimension initiatique du passage compliqué à la maturité.

 

Scandal (2012 – en cours, 6 saisons) :

Une série de l’immense Shonda Rimes, entre complots et romance qui aborde des thématiques tabous (c’est une des rares séries à avoir montré des IVG sans remords), avec des millions de rebondissements.

Pitch : Olivia Pope dirige un cabinet spécialisé dans les relations publiques, le sauvetage des réputations et la quête de la vérité (que la police ne trouve d’ailleurs jamais toute seule). Le rythme à la fois de feuilleton (une enquête par épisode) et de drama avec un fil rouge tout au long de la série (ou plutôt deux : la conspiration secrète et la vie sentimentale d’Olivia), est extrêmement soutenu et parfait pour le binge-watching !

Le point fort : L’héroïne jouée par la grande Kerry Washington : une femme noire brillante et sexy (qui en impose même au Président des Etats-Unis).

 

Once Upon A time (2011 – en cours, 6 saisons) :

C’est vrai, Once Upon A Time, qui reprend les schémas des contes traditionnels, souffre de certains travers : les méchantes sont des femmes fortes, l’amour hétéro/exclusif est un objectif en soi. Mais c’est au moins plus compliqué que cela. Et c’est surtout une excellente série d’été, à regarder avec une limonade.

Pitch : Emma Swan vit sa vie ordinaire à Boston, mais un jour le fils qu’elle avait abandonné dix ans plus tôt surgit et l’entraîne à Storybrook. La ville des personnages de contes de fées, expulsé-e-s de leur univers sous l’effet d’un sortilège de la Méchante Reine (de Blanche-Neige). Mais alors qu’illes ont tou-te-s oublié leurs identités, comment briser le sort ?

Le point fort : l’incroyable quantité de personnages féminins badass et complexes (mention spéciale au Chaperon Rouge !).

Et pour aller plus loin…

En faisant cette liste, une amie m’a demandé une idée de série dans laquelle il n’y aurait ni meurtre ni suicide de femmes, ni viol… et j’ai été incapable d’en trouver. J’ai bredouillé que, sans doute, une série féministe ne saurait faire l’impasse sur les violences faites aux femmes, mais le constat est là : il est semble-t-il quasiment impensable pour les scénaristes de ne pas faire subir de violences aux femmes – notamment aux femmes fortes.

C’est pourquoi nous finirons par une autre recommandation de visionnage pendant l’été : l’excellente chaîne YouTube Feminist Frequency, animée par la non moins excellente Anita Sarkeesian, sur les représentations des femmes dans la culture populaire, notamment les films, séries, et jeux vidéos.

 

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