Le Machisme universitaire mis au ban par le blog Payetafac

Payetafac est un nouveau Tumblr créé par des étudiant-e-s sur le modèle de Payetaschnek un recueil de témoignages sur le harcèlement de rue lancé en 2012. Les universités et les grandes écoles, lieux censés représenter l’épanouissement intellectuel, sortent doucement d’une quarantaine liée à un machisme suraigu. Après la prise de conscience de cette épidémie pourtant bien ancienne, la bête sort de l’ombre pour envahir nos réseaux.

C’est donc à cela que sert l’enseignement supérieur, perpétuer l’image sexiste qu’on nous assène depuis des milliers d’années : la femme aux fourneaux, l’homme au boulot…  Et ce sont bien des professeurs qui se cachent derrière cette hystérie préhistorique et rétrograde ! En fin de compte on s’en doutait, mais certain-e-s étudiant-e-s ont décidé de rendre les choses plus claires et de lutter activement contre ces préjudices.

Leur tumblr dénonce cette nonchalance sexiste. Intitulé « Paye ta fac », ce blog est un dérivé du plus connu « Paye ta schnek » qui énumérait depuis sa publication en 2012 des témoignages d’agressions subies régulièrement par les femmes au quotidien dans la rue. Ces longues listes – énumérations que certain-e-s n’hésitent pas à critiquer arguant que ce ne sont que de basiques anecdotes – dévoilent ainsi la répétitivité et le caractère violent de ce harcèlement subi au quotidien par le sexe féminin, dit « sexe faible ».

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« Quand un homme donne une opinion, c’est un homme. Quand une femme donne son opinion, c’est une garce. »

Bette Davis, la célèbre actrice américaine l’a bien dit avant moi : lorsque l’homme impose sa sentence celle-ci fait loi et devient argument d’autorité, d’autant plus lorsqu’elle sort de la bouche d’un enseignant d’université ! Mais comment peut-on encore subir un tel affront ? Comme si nos cerveaux en plus d’être ridiculement plus lents et inférieurs à celui des hommes, devaient s’abstenir de répondre à de telles attaques, comme s’ils devaient subir et se taire, ou simplement lutter silencieusement, intérieurement. Qu’a-t-on bien pu faire aux hommes, qui sous-couvert de blagues misogynes s’octroient tout pouvoir, pour subir quotidiennement de tels affronts ?

L’université est censée être le lieu de tous les savoirs, il serait donc temps de mettre fin à la phallocratie ambiante qui y règne depuis des siècles. Devons-nous appliquer l’éloquent « Sois douce et tais-toi » ? Certainement pas. Cette banalisation du sexisme à l’université n’a pas lieu d’être. Un groupe d’étudiant-e-s d’Avignon a décidé de passer à l’action. De cet acte de révolte justifié, de ce rugissant brainstorming est sorti Payetafac.

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C’est contre ce harcèlement moral machiste servi à la petite cuillère par Messieurs les professeurs, caressant leurs étudiants mâles dans le sens du poil – que se dresse « Paye ta fac ». Car, il faut cesser de se voiler la face, cette violence tournée contre les femmes nous environne perpétuellement et à tous les niveaux, même dans les plus hautes sphères. Et parmi les cerveaux les plus éminents de l’hexagone, comme le prouve le site, se cachent de vrais mufles.

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Aujourd’hui, c’est au tour des étudiantes de prendre la relève et de pointer du doigt les mauvaises élèves, ceux qui se permettent de feindre l’humour pour prêcher l’odieux : la misogynie dans tous ces états. Trop blondes, trop belles, trop rondes et sans doute trop connes sans doute pour répondre… non décidément à quoi peuvent bien servir les femmes si ce n’est qu’à ramasser les miettes des hommes !

Ne plus subir, mais réagir. Non, on ne pense pas qu’à se faire les ongles pendant les cours ! La condescendance ne doit plus être monnaie courante. Certaines phrases dérangent tellement qu’on peine à croire qu’elles sortent tout droit de la bouche d’enseignants. Comment réguler ce type de propos ? Comment les éradiquer ?

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Payetafac est une des nombreuses pierres qui contribuent à poser la base d’un édifice encore bien loin d’être entièrement réalisé… mais si ce n’est qu’un début, continuons le combat. Emplissons l’espace publique, virtuellement d’abord, mais emparons nous aussi des murs de ces mêmes Universités, emplissons les intervalles vides, approprions-nous les moindres interstices  pour faire échos à tous ces maux qui nous martèlent le crâne depuis l’enfance afin que ces paroles de femmes retentissent enfin et se fassent entendre.

Avec les autres sites de compilation de témoignages (#Payetontaf, #Payetarobe, #Payetablouse…), il est temps de se rendre compte que le sexisme touche tous les secteurs, toutes les générations et toutes les femmes. N’ayons pas peur de mettre un mot dessus : le patriarcat. Cette prise de conscience va-t-elle permettre d’unir les femmes dans leurs luttes ?

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