Il semblerait que cela soit à la mode 2017 de se dire « féministe » pour gagner quelques voix féminines dans les urnes… Mais est-on si dupe que ça ?? Cette étiquette revendiquée est bien souvent paradoxale pour les candidat-e-s à l’élection présidentielle. Petit tour d’horizon…
[Cet article ne prend pas parti pour tel-le ou tel-le candidat-e, mais souligne le phénomène autour de la revendication « féministe » ]
Marine Le Pen, je suis une femme, donc féministe ??
Démagogue sans vergogne, la fasciste Marine Le Pen n’en est pas à une incohérence près. Être une femme ne vous fait pas devenir féministe pour autant. Le Front national part à la conquête des votes des femmes, car leur électorat est surtout masculin.
Si on se souvient des déclarations anti-avortement de la nièce de la candidate, Marion Maréchal-Le Pen, on n’en trouve pas trace dans le programme. L’égalité pour Marine Le Pen, passe par une politique nataliste… Et la liberté de la femme se retrouve pour elle dans ses propositions islamophobes sur le voile. En outre, comme le montre le travail des Glorieuses, qui ont scruté les votes de l’eurodéputée depuis 2004, Marine Le Pen a quasiment systématiquement voté contre tous les projets visant à améliorer le sort des femmes, ou bien séché les votes.
A lire : Marine Le Pen et les droits des femmes, ce n’est pas encore ça Marine Le Pen : les droits des femmes ? Kézako ? Marine Le Pen, "féministe" ? Une escroquerie ! Marine Le Pen : le FN applique-t-il ses discours sur l'égalité hommes-femmes ?
Fillon, le candidat de la Manif pour tous
François Fillon s’est positionné très tôt comme le candidat de la droite traditionnelle, famille nombreuse, catholique… homophobe et anti-avortement.
Il consacre cependant tout un chapitre de son programme à « la liberté des femmes » (un bon prétexte pour énoncer plusieurs propositions islamophobes). Ses trois enjeux pour lui sont : les mères célibataires, la lutte contre les violences faites aux femmes, et pour l’égalité homme/femme. Il en a appelé aussi au féminisme lorsque les médias ont révélé l’affaire Pénélope Fillon… Sans commentaires.
Il propose aussi d’exclure ou de rendre inéligible tout élu politique ayant été reconnu coupable en cas de harcèlement sexiste ou d’agressions sexuelles. Une attaque à peine déguisée contre le camp du PS et des écolos (on pense aux affaires DSK et Denis Baupin). Mais que pense-t-il du sinistre pervers Georges Tron, investi par Les Républicains pour les législatives 2017 ? De plus, on doute un peu beaucoup de la sincérité de cette proposition, au vu de la « moralité » de ce candidat « voleur ». L’impunité des politiques a encore de beaux jours devant elle…
A lire : François Fillon : quel est son programme pour les femmes ? François Fillon : du neuf avec du vieux Les mesures de Fillon vont précariser les femmes Fillon et le congé maternité de Salamé
Macron, le candidat le plus jeune est-il forcément un « chouchou » des femmes ?
Se proclamant « féministe », Emmanuel Macron joue la carte du jeune progressiste, en opposition à la droite poussiéreuse de François Fillon. Si son discours est parfois juste, les propositions ne suivent pas forcément, manquent de concret, ou sont en désaccord avec la politique qu’il menait en tant que ministre de François Hollande. (n’oublions pas que la loi travail portait son nom…)
Parité, réaffirmation du droit à l’IVG, création d’un congé maternité unique… Oui, mais. « Son premier objectif affiché est d’«aider les femmes à concilier vie familiale et vie professionnelle». C’est bien… Mais cela serait plus efficace si les hommes étaient impliqués dans la démarche », souligne à juste titre Libération. Ces propositions sur le harcèlement de rue semblent aussi démagogues (toutes les femmes y ont déjà eu droit), et on doute pas mal de leur efficacité (mais bon on va pas s’attendre à ce qu’il veuille révolutionner le système capitaliste patriarcal dans lequel on vit, n’en attendons pas trop !!)
A lire : Emmanuel Macron : il y a de l’idée, mais… À quel point Macron est-il féministe ? Emmanuel Macron ou le "féminisme" à la Julio Iglesias Macron, encore un effort si vous voulez vraiment être queer
Hamon, un féministe qui accepte d’écouter les homophobes
Si certaines propositions de Benoît Hamon peuvent nous faire espérer un candidat féministe (augmentation du nombre de centres de planification familiale, PMA…), cela reste toutefois insuffisant face à l’ampleur des progrès à faire.
On regrette, et condamne, ses propos sur le mouvement de la Manif pour tous, un brin démagogue. Des homophobes restent des homophobes, il n’y a pas de demi-mesure à avoir à leur encontre. (cela vaut aussi pour Emmanuel Macron !)
A lire : Benoît Hamon est résolument «féministe», son revenu universel l’est peut-être moins... Benoît Hamon : quel est son programme pour les femmes ? Benoît Hamon : pas très inventif mais volontariste et cohérent Benoît Hamon à «Famille Chrétienne»: «Dans la Manif Pour Tous, j’ai vu une palette de nuances et d’opinions.»
Mélenchon, un candidat macho avec un programme féministe ?
Pas facile de cerner Jean-Luc Mélenchon… Se proclamant « féministe », ses déclarations, actions et votes ne l’ont pas toujours prouvé. En tant que sénateur, il s’est abstenu sur la loi du 23 mars 2006, qui oblige à négocier chaque année des mesures de suppression des écarts de rémunération, ou sur la loi créant la Halde. Il a cependant voté pour le texte qui introduit dans la Constitution le principe selon lequel la loi « favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives ».
Inégalités salariales, PMA, congé parental partagé, violences… Le programme « féministe » du candidat de La France insoumise semble plus béton et concret que ceux de ses concurrent-e-s. On est quand même moins enthousiastes en lisant ses positions abolitionnistes sur la prostitution : « À tous ceux qui disent que la prostitution est un métier comme un autre je demande pourquoi ils ne le proposent pas à leur mère, à leur femme ou à leur fille ».
Si on salue la volonté de donner le statut de réfugiée à « toute femme demandant l’asile parce que victime de violences sexistes, sexuelles ou lesbophobes », on regrette ses propos méprisants sur le voile et divers « accoutrements » : « refuser de rencontrer d’État à État ceux qui obligent nos Ministres femmes de porter des accoutrements contraires à la dignité républicaine ». Pas de clémence de notre part non plus pour son interview à Famille chrétienne : « Avec la Manif Pour Tous, je fais le pari positif du malentendu. La reconnaissance des couples homosexuels à l’état civil n’est pas le sacrement reconnu par l’Église. Nous ne parlons pas de la même chose, bien que l’utilisation en commun du mot « mariage » prête à confusion. »
On s’inquiète de la construction de son personnage viriliste (lire par exemple cette tribune récente), du témoignage d’une ancienne collaboratrice, ou encore ses sentiments de sympathie vis-à-vis du forum machiste Jeuxvideo.com.
A lire : Mélenchon, faux-allié des féministes « Tu as fait quelque chose de très grave, mais je ne peux pas te dire quoi ». Jean-Luc Mélenchon : un candidat féministe. Mais l'a-t-il toujours été ? Jean-Luc Mélenchon : le plus ambitieux et transversal Jean-Luc Mélenchon, le plus profondément féministe des cinq «grands» candidats Jean-Luc Mélenchon sur la loi Taubira : "L'utilisation du mot 'mariage' prête à confusion"
Poutou et Arthaud : féministes mais tout le monde s’en f***
A l’extrême-gauche, le féminisme, la destruction du patriarcat, a toujours (enfin presque) été dans les programmes. Lutte Ouvrière a privilégié les femmes (ou plutôt deux femmes) comme porte-parole. Ces deux partis de « luttes » se mobilisent régulièrement contre les fermetures de centres d’IVG, les attaques sur le secteur de la santé, la précarité des femmes ou encore le droit à la PMA pour les couples de femmes.
A lire : Présidentielle 2017 : Nathalie Arthaud et ses combats pour les femmes Philippe Poutou : son programme "féministe" pour les droits des femmes
Les « petits » candidats de la droite
Asselineau, Dupont-Aignan, Lassalle et Cheminade ne revendiquent pas vraiment une étiquette féministe. Ils savent qu’ils n’ont pas grand chose à gagner à se montrer démagogues au vu de leurs résultats dans les sondages, et en tant qu’hommes cis blancs vieux n’ont pas forcément le profil de féministes engagés…
Commençons par ce beauf de Jean Lassalle, qui a traité sa femme de « cochonne » devant des caméras et a voté « contre » le mariage pour tous en 2013.
Nicolas Dupont-Aignan, opposé au voile, aime se faire remarquer par ses petites phrases et sorties quelques peu réac’, une des dernières en date, sa comparaison de la France à « une femme violentée dans sa maison ».
Jacques Cheminade a essaimé plusieurs propositions pour les droits des femmes dans son programme (inégalités salariales, violences…), mais elles ne figurent pas dans la projection des 100 premiers jours de son mandat. Quant à François Asselineau : rien à signaler… dans son programme.
A lire : Présidentielles 2017 - Jean Lassalle : 3 propositions pour les femmes Nicolas Dupont-Aignan : les mesures de son programme pour les femmes Présidentielle 2017 : Cheminade et son projet pour les droits des femmes François Asselineau : où sont passées les femmes dans son programme
Les Nouvelles News ont aussi fait leur analyse, à retrouver ici.
Pour aller plus loin vous pouvez aller sur le site “Connaissance de causes”, un collectif féministe qui a choisi de « présenter, regrouper et si possible analyser les propositions de tou·te·s les candidat·e·s dans le cadre de l’élection présidentielle, leurs propos ou leurs actions présentes ou passées sous l’angle des droits des femmes » et des questions LGBTI.