Enquête sur l’état des lieux d’un mouvement féministe multiforme

Le mouvement féministe aujourd’hui est composé d’organisations aux formes et modes d’action très variés. En sondant une centaine d’entre elles sur leur identité et leurs activités, Les Ourses à plumes sont fières de vous présenter les résultats principaux de leur enquête, menée pendant l’été 2017.

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© Killbeek

Les Ourses à plumes ont lancé durant l’été 2017 leur première enquête pour récolter un maximum de données sur l’état actuel du mouvement féministe. L’objectif : mieux connaître la galaxie des organisations féministes et dresser un état des lieux des organisations existantes.

Des orgas étendues sur tout le territoire

Si l’objectif premier était de se concentrer sur l’activité féministe en France, plusieurs organisations aux actions visant un public francophone, européen, ou encore international nous ont également répondu. Sur les 107 organisations répondantes, en effet 28 situent la portée de leurs actions au-delà des frontières de la France. Parmi elles, on constate une majorité d’orgas qui agissent principalement sur Internet, comme le site Roseaux, le collectif Les Internettes ou encore Wax Science.

Plus d’un tiers des orgas sondées agissent sur un territoire français donné (ville, département, région). Le reste étant des orgas nationales ou dont l’aire géographique identifiée est la région parisienne. Il y a donc une représentation du mouvement qui nous semble assez équilibrée et représentative du mouvement.

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L’implantation locale de plusieurs structures montre aussi que l’action féministe ne se limite pas qu’aux cadres nationaux et parisiens. Les agglomérations de Lyon, Toulouse, Grenoble, ou encore Bordeaux, sont très actives. Maisons de femmes, bibliothèque féministe, associations de soutien aux femmes victimes de violences… Elles prennent des formes multiples, mais ont trouvé leur place dans la sphère actuelle.

Des orgas féministes aux identités multiples

La taille des orgas féministes varie également. Certains collectifs comme Lallab ou Mwasi ont su fédérer une large communauté. D’autres, comme le Planning familial, SOS Homophobie ou Femmes pour le dire, femmes pour agir (FDFA), ont bâti des liens solides avec des institutions, ce qui leur assure une pérennité et une visibilité nationale. A ces grandes orgas, s’ajoutent toutes sortes de collectifs et d’associations, à l’activité parfois réduite à un lieu (universitaire…) ou un thème précis (festival…).

Lire : Des organisations féministes à la pérennité fragile ou un renouveau dynamique ?

Les modes d’action se sont multipliés avec le rôle que joue de plus en plus Internet dans les nouvelles mobilisations, mais également les actions coup de poing de certains collectifs comme La Barbe par exemple. Les militant-e-s féministes ne cessent de se réinventer et la diversité des manières de se mobiliser incite à la naissance de toujours plus d’orgas.

Lire : Les actions du mouvement féministe en France : des formes variées, des axes qui s’entrecroisent

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Notre enquête nous a permis, en sondant les orgas sur la manière dont elles s’identifiaient, d’établir une vue d’ensemble des tendances présentes au sein du mouvement féministe, avec parfois même des contradictions. Nos données ont notamment confirmé la cristallisation des deux grands courants féministes se revendiquant : “radical/inclusif/intersectionnel” d’une part, “universaliste/républicain/laïc” d’autre part.

Lire : Quelles tendances dans le mouvement féministe aujourd’hui en France ?

On remarque également des différences de fonctionnement, entre, d’un côté, des associations ou collectifs qui s’inscrivent dans un mouvement, se disent plus proches de telle ou telle orga ; et d’un autre côté, des orgas plus renfermées sur elles-mêmes, ayant choisi de rester dans l’univers qu’elles se sont fixé ou bien n’ayant pas pris le temps de se positionner dans le paysage féministe. Les 53 orgas qui n’ont pas mentionné d’orgas féministes proches de leurs idées, sont assez diverses. On peut toutefois noter que 21 d’entre elles agissent à un niveau local (autres régions que l’Île-de-France), ce qui est une proportion plus importante que sur l’ensemble des orgas sondées et pourrait traduire un isolement géographique.

De cette enquête, nous pouvons tirer cette conclusion : le paysage féministe français est en pleine ébullition, mais manque encore d’organisation et de moyens pérennes. La dynamique actuelle et la diversité des actions menées nous laissent toutefois espérer la construction d’un mouvement féministe fort. Une 3e vague ?

La méthodologie de notre enquête :
Entre fin août et fin septembre 2017, 107 organisations ont répondu au questionnaire en ligne des Ourses à plumes, intitulé “L’état des lieux du mouvement féministe”. Les données qu’elles nous ont transmis, sont factuelles (nombre de personnes investies, champs d’action, modes d’action et d’intervention…), mais aussi politiques (appartenance à un courant, critères d’adhésion…). Si ce panel nous permet d’avoir une représentation large du mouvement féministe, elle n’est toutefois pas exhaustive et les résultats doivent donc être analysés avec prudence. Toutes les tendances et toutes les formes du mouvement féministe ne nous ont pas répondu avec la même représentativité, et les réponses au questionnaire peuvent être aussi biaisées par des réponses non-consensuelles au sein de l’organisation.

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Journaliste, cette ourse adore écrire sur les thématiques qui lui tiennent à coeur : discriminations, santé, féminisme, luttes… De formation littéraire, c’est une droguée de lecture et d’écriture, mais aussi une militante féministe et politique à ses heures perdues (ou gagnées !). Cette ourse est une gourmande qui ne résiste jamais à un chocolat, ou à un pot de miel… Curieuse de tout, elle traîne ses pattes sur les réseaux sociaux à la recherche de la moindre info. Taquine, elle aime embêter les autres ourses. Elle est aussi connue pour ses grognements et son caractère persévérant. Elle ne lâche rien.

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