5 choses à retenir du livre « GROS n’est pas un gros mot »

On a lu pour vous « « GROS » n’est pas un gros mot, Chroniques d’une discrimination ordinaire ». Cet ouvrage, écrit par Daria Marx et Eva Perez-Bello, co-fondatrices du collectif Gras politique, illustre de manière synthétique et avec la force de témoignages, les différentes facettes que peuvent prendre la grossophobie.

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A l’heure où la grossophobie commence à être une discrimination de plus en plus médiatisée, le mot commence aussi à faire son apparition (enfin !) dans les dictionnaires (prévue dans le Petit Robert en 2019) Après le livre-témoignage enquête de Gabrielle Deydier « On ne naît pas grosse » publié l’an dernier, les deux co-fondatrices du collectif Gras politique publient un manifeste qui a du poids.

La lutte contre la grossophobie doit être collective

Le but principal de cet ouvrage est de « contribuer à ce nouvel élan libérateur de parole, de l’encourager, l’alimenter pour éviter qu’il ne s’essouffle. Pédagogique, il a pour but d’informer, d’expliquer et de déconstruire les clichés qui entourent les gros pour poser les bases nécessaires à une prise de conscience collective et au changement des mentalités. » Le livre est donc écrit de manière simple, à la portée de tout-e-s, avec une volonté de prise de conscience, car la grossophobie ne doit pas être seulement la lutte des gros-ses !

« la grossophobie désigne en fait l’ensemble des attitudes hostiles et discriminantes à l’égard des personnes en surpoids »

L’introduction rappelle ainsi à juste titre : « Les grossophobes, ce sont vos collègues de travail et leurs vannes faciles, votre patron, la vendeuse de ce magasin de prêt-à-porter, le médecin faussement bienveillant, vos parents, votre frère, parfois les gros eux-mêmes tant ils ont intériorisé les discriminations ; bref, la société tout entière, et donc… vous. »

Maintenant qu’il y a un début de prise de conscience, il ne faut plus tolérer la grossophobie ambiante, les schémas de pensée que nous impose la société, c’est un changement qui requiert la responsabilité de chacun-e. Il faut donc cesser de rire aux blagues qui ridiculisent les gros-ses, arrêter de conseiller votre régime à d’autres, ou de faire une remarque sur la non-raisonnabilité d’un dessert.

On ne reste pas gros-se par flemme

Le premier chapitre de « « GROS » n’est pas un gros mot », revient sur l’idée reçue la plus courante, et la plus nuisible, d’où découle de nombreuses violences : « la maladie de la volonté ». Si certaines personnes grosses souffrent, en effet de troubles du comportement alimentaire (qui ne relèvent donc pas de leur volonté), les origines du poids de chacun-e sont souvent multiples.

« Les gros sont assimilés à la culture du hamburger. On les imagine folâtrant entre les frites, dans leur milieu naturel »

Dans l’imaginaire de la société, il suffirait à la personne grosse de cesser de se gaver, d’aller au fast-food, c’est bien sûr très réducteur et enclenche le procédé inverse : les violences de la grossophobie engendrent encore plus de mal-être, qui mènent parfois à du gavage et/ou à une exclusion sociale. A cause du manque de volonté inventé, « on prend le gros pour un enfant un peu idiot », il est traité comme tel notamment dans le milieu médical.

Les causes de l’obésité sont multiples

Le livre détaille, avec exemples et études à l’appui, les facteurs qui peuvent avoir un impact sur le poids. Il y a bien sûr le facteur de pauvreté : « les populations les plus instruites sont moins touchées par les problèmes de poids ». Il s’ajoute aux facteurs environnementaux, la famille principalement (avec parfois une cause génétique).

« L’obésité est le symptôme d’une multitude de maux : la pauvreté, le manque d’accès à la diversité alimentaire, le mal-être social, la maladie mentale », résume le livre. Enfin, « 80% des obèses souffrant de troubles du comportement alimentaire font état de climats infantiles hostiles. Ainsi la famille n’est plus un lieu sécurisant pour les enfants gros, mais l’espace de violences qui peut engendrer les troubles conduisant à l’obésité ».

Les régimes, les chirurgies… pas les bonnes solutions

Si l’on répète aux personnes grosses de faire un régime, cela reste risible quand on voit le peu d’efficacité de la plupart d’entre eux. Un chapitre, avec plusieurs exemples, leur est consacré. Les kilos perdus, repris, assortis d’une culpabilité encore plus accrue et d’une baisse de confiance en soi.

Le recours, beaucoup trop important, aux chirurgies de l’obésité sont aussi une catastrophe. « La chirurgie bariatrique représente en France 45.000 interventions par an, avec une liste d’attente de 450.000 patients fin 2017. 85 % des opérés sont des femmes », sans surprise étant donné la pression sociale de l’injonction à la minceur. Ces chirurgies sont globalement peu efficaces quant à la perte de poids, mais peuvent aussi « développer des troubles psychologiques importants », ou encore, dans certains cas mener même au suicide.

Les mesures anti-grossophobes à prendre d’urgence

Ce manifeste ne se contente pas de dénoncer la grossophobie, mais propose aussi quelques amorces de solutions. Au lieu des restrictions alimentaires contre-productives des enfants, il faudrait « s’intéresser à la cellule familiale, à sa stabilité, à sa manière de s’alimenter, aux ressources allouées à l’alimentation dans le budget, aux possibilités d’activités sportives, aux traumatismes portés par l’enfant ou par ses proches, à l’ambiance toxique ou non de la vie du petit patient ». Pour limiter les dégâts de la grossophobie et aider à l’épanouissement des enfants gros-ses, il est ainsi nécessaire d’éduquer les soignant-e-s, mais aussi les professionnel-le-s de l’éducation.

Parmi les mesures très concrètes à prendre d’urgence, il y a bien sûr celles concernant le matériel médical (fauteuil grande table, table d’opération, tenues…), mais aussi le mobilier urbain (sièges dans les transports en commun…), qui créent un climat grossophobe quotidien.

Enfin, la création d’espaces safe de parole et d’activités, entre personnes grosses, est primordial pour reprendre confiance en soi, « prendre conscience de la discrimination systémique » et se « mobiliser ».

A la fin de l’ouvrage, figure également une liste de conseils pour être un-e bon-ne allié-e dans la lutte contre la grossophobie

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Journaliste, cette ourse adore écrire sur les thématiques qui lui tiennent à coeur : discriminations, santé, féminisme, luttes… De formation littéraire, c’est une droguée de lecture et d’écriture, mais aussi une militante féministe et politique à ses heures perdues (ou gagnées !). Cette ourse est une gourmande qui ne résiste jamais à un chocolat, ou à un pot de miel… Curieuse de tout, elle traîne ses pattes sur les réseaux sociaux à la recherche de la moindre info. Taquine, elle aime embêter les autres ourses. Elle est aussi connue pour ses grognements et son caractère persévérant. Elle ne lâche rien.

6 commentaires sur « 5 choses à retenir du livre « GROS n’est pas un gros mot » »

    1. Je pense que ça va devenir un incontournable sur la question 🙂 Et puis c’est aussi une idée cadeau à offrir, vu que le contenu est très pédagogique !

    2. Le petit prix m’a permis de me le procurer plus tôt que prévu 🙂 lu d’une traite, très clair, très pédagogique, un bon dosage d’humour, de bienveillance, et de sérieux face à la gravité de la situation. Les encadrés de témoignages sont toujours bienvenus pour illustrer les propos théoriques.
      Rien de nouveau pour moi mais ça restera un incontournable de ma bibliothèque, que je vais essayer de faire lire à tout mon entourage 😉

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