King Kong Théorie, un cri de révolte féministe au théâtre

« Un coup de gueule », « une hargne jubilatoire », « les formules claquent », « drôle et glaçant »… L’adaptation coup de poing de King Kong Théorie écrit par Virginie Despentes il y a déjà plus de dix ans est un succès. Son texte, toujours d’actualité, est joué jusqu’au 31 décembre 2018 à Paris, au Théâtre de l’Atelier.

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Une dizaine d’années avant l’affaire Weinstein, sans retenue, Virginie Despentes écrit la vérité crue sur ce que vivent certaines femmes. Voici, jetée à la tête de ceux.lles qui ont pris la peine de se pencher sur cette œuvre, une liste non exhaustive, comme scandée, un cri du cœur : « J’écris de chez les moches, pour les moches, les vieilles, les camionneuses, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, les hystériques, les tarées, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf. » Vanessa Larré incarne le texte de Despentes, donne vie non seulement aux mots mais aussi au discernement précurseur et au passé mouvementé de l’autrice en passant de la théorie à la pratique et de la page à la scène !

A l’origine, un livre

Un manifeste féministe autobiographique écrit par Virginie Despentes en 2006 mettant à mal les mécanismes de la virilité et les principes de la domination masculine… Un cri libérateur et encore d’actualité, qui ose évoquer tous les tabous quitte à offusquer la morale : viol, prostitution, pornographie, masturbation féminine… Dans la pièce mise en scène par Vanessa Larré, pendant 1h20, le trio d’actrices, interprétant la voix de l’autrice à tour de rôle, ne mâche pas ses mots ! Pour le plus grand plaisir des spectatrices.eurs !

Trois femmes pour un portrait

Le portrait de l’autrice, sous trois angles et trois voix. Une mise en scène. Virginie Despentes se livre : elle parle du viol, de son expérience du féminisme et de la prostitution, de l’appropriation de son corps et du pouvoir patriarcal qui rôde encore malgré les changements amenés par le nouveau millénaire… Ce n’est plus Despentes seule qui nous livre ce propos, mais bel et bien une pluralité de femmes. Sarcastiques, corrosives, les trois voix décortiquent le statut de la femme. Et dix ans après la publication du livre le discours reste aussi vrai, aussi pertinent !

Dénoncer l’idéal de la femme parfaite

Il faudrait encore pouvoir se détacher du statut de « bourgeoise blanche hétérosexuelle », de cette femme parfaite et idéale qui sait être tout à la fois : « séduisante mais pas pute, bien mariée mais pas effacée, travaillant mais sans trop réussir pour ne pas écraser son homme, mince mais pas névrosée par la nourriture, restant indéfiniment jeune sans se faire défigurer par les chirurgiens de l’esthétique, maman épanouie mais pas accaparée par les couches et les devoirs d’école, bonne maîtresse de maison mais pas bonniche traditionnelle »… car ce qu’il s’agit de mettre en avant c’est que tout simplement cette femme parfaite, elle n’existe pas !

Virginie Despentes dénonce cette catégorisation car ce qui importe c’est d’être humain-e et de réussir à se libérer des carcans binaires en sachant disposer de son corps et de son identité ! Il s’agit de faire tomber les barrières du corps mais aussi de certains esprits encore trop bornés car « le féminisme est une aventure collective pour les femmes, pour les hommes et pour les autres ». Une pièce coup de poing, qui met du baume au cœur à tou-te-s celleux qui veulent encore se battre pour qu’on puisse voir le monde autrement car comme le dit une des comédiennes de ce trio d’enfer : « franchement je suis bien contente pour celles à qui les choses telles qu’elles sont maintenant conviennent ».

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