Lancé en avril 2020, pendant le confinement en France, notre concours « Pourquoi je suis devenuE féministe » a remporté un beau succès, avec 35 participations. Voici la production qui a remporté le deuxième prix dans la catégorie « formats originaux ».
Après presque 20 ans d’existence, j’ai beaucoup moins souffert pendant douze années de trauma que pendant les huit années qui s’en sont suivies.
Je me suis longtemps demandé pourquoi.
Il y avait ce milieu dans lequel j’évoluais. Un milieu ambivalent où je vivais la consonance de l’amour d’une mère, mais également les conséquences de la dissonance d’un père un peu trop alcoolisé.
C’est alors que j’ai grandi avec l’envie furieuse d’en découdre avec cette histoire sans « happy end », en ayant un espoir sorti tout droit de l’innocence de l’enfance. Cet espoir, c’est celui de tout être devant une atrocité, c’est l’espoir qu’il ne s’agisse que d’un mauvais rêve, ou d’une histoire terrible.
J’ai grandi, donc, accompagnée d’une mère extraordinairement humaine, assistante sociale de formation, avec cette presque honte de ma « belle » vie face à certaines situations que j’entendais dans les couloirs du service social qu’elle dirigeait.
J’ai grandi pourtant, avec cette envie furieuse de débarquer dans un bureau en hurlant ma souffrance. Cette douleur se résume en un regard terrifiant, une main en l’air et aussi une sensation de mourir à chaque instant. Ce fut ma première bataille.
Les années se sont déroulées, la rage et la révolte qui grandissaient en moi se sont multipliées de manière exponentielle à chaque seconde d’injustice et de violence.
Je réfléchissais beaucoup à créer quelque chose, mon père étant alors écarté de mon chemin depuis quelques temps pour une histoire de garde qu’il n’avait pas finalisé. Je n’avais pas de volonté de revanche, mais plutôt un besoin de réparation. C’est alors que j’ai porté plainte, sur conseil de ma psychologue. Enfin, me direz-vous. Quelle erreur, me suis-je dit, lorsqu’après un an d’interrogatoires, d’entretiens et d’expertises, j’ai reçu cette lettre du tribunal statuant d’un
classement sans suite. Ç’aurait pu être le coup de grâce. Ça ne l’a pas été.
Je me suis alors lancée dans la deuxième bataille de ma vie. Celle de la résilience.
Ma résilience, ou plutôt devrais-je dire ma vie, est et sera un combat féministe.
Je compte bien en faire mon cheval de bataille, sur lequel je parierai pour l’avenir.
Un avenir que j’ai le droit de rêver juste
Un avenir que j’ai le droit d’espérer heureux.
Parce que la vie est là, et que je ne lui en veux pas.
Ébène
Palmarès du concours
Catégorie « formats originaux »
1 – Caillou dans la chaussure, Anouk
2 – Comme une évidence, d’Ebène
3 – Quelques riens, Csil
Catégorie « textes »
1 – L’histoire d’un cheminement, Susy Garette
2 – Rester en vie, Ju
3 – Paye ton neutre, Feuillue
21 commentaires sur « Pourquoi je suis devenuE féministe : Comme une évidence »