Première rencontre de la coordination féministe : une nouvelle étape de construction d’un mouvement inclusif

Fin janvier 2022, plus de 80 associations et collectifs féministes ont participé à Rennes (ou à distance) à la première rencontre organisée par la coordination féministe. L’occasion de débattre et se mettre d’accord sur les futures perspectives du mouvement féministe, inclusif, et s’opposant fermement aux idéologies de l’extrême-droite.

Manifestation du 23 novembre 2019. ©Ourse Malléchée

La coordination féministe s’est créée pendant le premier confinement du printemps 2020, avec un espace d’échanges en ligne. « L’idée était de monter des mobilisations à l’échelle de la France, en portant des revendications communes. En ligne cela reste difficile pour s’organiser mais aussi pour prendre des décisions légitimes, alors nous avons voulu organiser un événement pour se rencontrer en vrai », raconte Constance, l’une des porte-paroles désignée par la coordination.

Le week-end des 22 et 23 janvier 2022 s’est donc tenue une première rencontre féministe organisée par cette coordination, qui a fédéré plus de 80 organisations féministes à cet événement : des sections de Nous Toutes, des groupes de colleurses, certains centres du Planning familial, le Strass, les Dégommeuses, Toutes en grève à Toulouse, XY Média, Juifves VNR, Kune, T-Time, les Féministes Révolutionnaires…
Si les associations et collectifs rassemblés dans cette coordination se positionnent sur une ligne politique inclusive semblable (anti-raciste, anti-islamophobie, anti-validisme, solidaire des travailleurses du sexe, anti-transphobie…), aucun examen d’entrée n’est organisé. Ce qui peut être problématique pour garantir un espace safe, notamment pour les travailleurses du sexe participant-e-s, car quelques militant-e-s abolitionnistes étaient présent-e-s. Une « charte du care » a ainsi été écrite pour anticiper d’éventuels problèmes et garantir des échanges respectueux durant les débats. « Nous signons régulièrement des textes rappelant nos valeurs, donc nous attirons surtout un féminisme intersectionnel, qui s’oppose à un féminisme institutionnel et mainstream que l’on retrouve notamment chez Osez le féminisme », souligne Dorys, autre porte-parole.

Dans le texte inaugurant l’événement, la coordination affirme sa volonté de construire « un mouvement qui s’organise sur la durée, qui aille au-delà d’une marche symbolique en mars ou en novembre, qui soit réactif sur toutes les questions qui nous touchent : contre la destruction des services publics et du code du travail, contre les politiques racistes et sécuritaires, contre les attaques antisociales et écocides ».

Un 8 mars à réinventer

Deux principaux thèmes ont été abordés lors de cette rencontre nationale : l’organisation et la direction des prochaines journées du 8 mars ; la montée des extrêmes droites et comment la contrer.

Pour le 8 mars 2022, la date approche et la coordination est réaliste sur ses ambitions, en annonçant d’emblée que l’un des objectifs est de commencer à préparer la construction du 8 mars 2023. « L’appel à la grève fait l’unanimité, mais il faut discuter de sa mise en pratique, car tout un tas de personnes ne sont pas salariées et ne peuvent pas faire grève de la même manière », rappelle Constance. « Il va falloir construire tout cela localement, pour réussir à mobiliser des personnes peu militantes, précaires, évoluant dans un milieu rural, qui ont des enfants… », ajoute Dorys. Car si les syndicats lancent un appel à la grève depuis quelques années, ils ne se concentrent que sur une partie de la population. « Il faut trouver des manières de se réinventer car la manifestation annuelle ce n’est plus efficace depuis plusieurs années. Des idées ont été abordées, comme la grève à la maison, ou encore créer un mouvement sur les réseaux sociaux pour gagner en visibilité », illustre Dorys. « Mais cela reste un axe de travail important à venir ».

La plateforme de revendications est toujours en travail, mais la coordination se mobilise pour « construire un mouvement massif dans la durée. Nous aimerions prendre exemple sur ce qui se passe à l’étranger (Chili, Espagne…) et faire de notre mobilisation un moment de joie et de réflexion collective », explique Constance.

Une mobilisation contre les extrêmes droites

La thématique des extrêmes droites (dont le fascisme), s’est imposée à la coordination.
« Nous avons constaté d’une part une augmentation et une banalisation des idées des extrêmes droites, que cela soit avec Zemmour, ou encore le quinquennat de Macron… mais aussi d’une autre part, que les féministes réagissent peu, alors que la question des droits des femmes est instrumentalisée dans des discours xénophobes et islamophobes », résume Constance. La coordination se donne ainsi pour mission d’organiser des réponses solidaires et organisées à ces attaques d’extrêmes droites, qui alimentent aussi des discours transphobes.

Dans un premier temps la coordination féministe a affirmé dans l’un de ses textes « son soutien aux initiatives de la campagne Antiracisme et Solidarité pour la mobilisation du 2 avril et les organisations membres formeront des cortèges féministes dans les manifestations contre les frontières ».

Si beaucoup de choses restent encore à débattre et à trancher, cette première rencontre féministe aura permis de poser des jalons solides pour organiser nos luttes féministes sur une même longueur d’ondes. L’un des points d’amélioration (et pas des moindres !) concernant l’organisation de cette rencontre aura été l’accessibilité pour les personnes handicapées. « Le protocole sanitaire et les questions d’accueil n’ont pas été gérées assez en amont, nous avons conscience qu’il faut travailler davantage sur ces questions-là, pour que nos luttes féministes soient aussi anti-validistes », affirme Constance. De nouvelles rencontres devraient être organisées à l’été 2022.

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Journaliste, cette ourse adore écrire sur les thématiques qui lui tiennent à coeur : discriminations, santé, féminisme, luttes… De formation littéraire, c’est une droguée de lecture et d’écriture, mais aussi une militante féministe et politique à ses heures perdues (ou gagnées !). Cette ourse est une gourmande qui ne résiste jamais à un chocolat, ou à un pot de miel… Curieuse de tout, elle traîne ses pattes sur les réseaux sociaux à la recherche de la moindre info. Taquine, elle aime embêter les autres ourses. Elle est aussi connue pour ses grognements et son caractère persévérant. Elle ne lâche rien.

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