Issue d’une famille bourgeoise à double culture franco-marocaine, Leila est restée simple. Elle s’en va étudier la photographie à New York, et consacre son temps à immortaliser « la vraie vie des gens », raconte sa mère au quotidien Le Monde.

Car ce sont ces populations oubliées que Leila choisit de mettre en avant. Les costumes, les traditions centenaires de son pays d’enfance. Le public découvre la richesse culturelle du Maroc dans sa série « Les Marocains ». Des hommes et des femmes appartenant à différentes tribus arabes et berbères posent devant son objectif. Sans artifices, sous un angle sobre très loin de l’orientalisme mis en scène par tant d’autres photographes européens. Les costumes et l’émotion sur leurs visages suffisent à eux-seuls.
En 2011, elle expliquait au magazine marocain Telquel : « Ma mission, avant tout, est sociale ». Son travail sur l’immigration et l’identité culturelle a été exposé à Buenos Aires en Argentine, aux Rencontres d’Arles en 2011, la biennale de Marrakech en 2012 et 2014, et dernièrement à la Maison Européenne de la Photographie à Paris. Ses clichés ont également trouvé leur place dans de prestigieux journaux et magazines, comme le New York Times et Vogue. A Beyrouth, Leila Alaoui a ouvert la Station, un centre artistique pluridisciplinaire en duo avec son compagnon Nabil Canaan.

Le 15 janvier 2016, jour des attentats qui ont touché l’Hotel Splendid et le café Cappuccino, Leila se trouve au Burkina Faso depuis plusieurs jours, en mission pour Amnesty International. C’est à son talent que l’ONG a fait appel pour une campagne en faveur des jeunes filles forcées à se marier bien trop tôt.
Sa vie enlevée par le groupe terroriste AQMI est une tragédie humaine et laisse un grand vide dans le monde de la photo. Sa mère garde son souvenir bien vivant : « Je la vois encore sourire, j’entends encore sa voix chaleureuse. C’était tout cela, Leila. »
Leila Alaoui continuera de briller.