Pour en finir avec « LA Femme »

Le dossier de notre premier numéro de notre revue est consacré aux stéréotypes, à l’image de LA Femme. Comment combattre ces oppressions sexistes quotidiennes ? D’abord en les analysant, les comprenant.

47294041_1083850055109855_2274599888094232576_n.jpg
LA Femme n’existe pas. © Camille Berberat

À l’heure où nous bouclons cette revue, c’est l’été, le moment où l’injonction à avoir un corps féminin et « parfait » s’étale partout. Dans la rue, les transports en commun, les magazines, les réseaux sociaux… partout on nous rappelle, que pour pouvoir exposer notre peau aux yeux de tout le monde, il faut que notre corps corresponde aux normes : mince, des formes mais pas trop, épilé comme une peau de bébé, sans vergetures bien sûr… Susciter le désir, mais pas le dégoût.

Pendant cet été 2018, un détournement de « l’objectif bikini » a été fait sur les réseaux sociaux. Plusieurs personnes ont publié des photos d’elles, en maillot de bain, montrant avec fierté leurs soi-disant imperfections avec les hashtags #Jesuiscute et #ObjectifBikiniFermeTaGueule. Cette campagne body-positive a permis pour certain·e·s de ne plus avoir honte de son corps et de se le réapproprier. Une démarche qui semble prendre un peu plus d’ampleur chaque année, mais qui fait face, à chaque fois, à un déversement de haine et de cyberharcèlement.

Envoyer les caractéristiques « féminines » à la poubelle

Non, il n’y a pas un « moule » de « femme » dans lequel on devrait rentrer, sous prétexte qu’on nous a assigné ce genre à la naissance. Dans notre société patriarcale, l’image des femmes est souvent réduite à tout un tas de stéréotypes. On attend d’elles qu’elles soient : douces, calmes, souriantes, compréhensives, aimables, belles, propres, maternelles…

En comparaison, selon la même doctrine essentialiste, on attend des hommes qu’ils soient forts, puissants, courageux, dirigeants, actifs, intellectuels… Une femme grosse PDG se verra reprocher son « laisser-aller », tandis que chez un homme, le poids est perçu comme un signe Il n’y a pas un modèle unique de femme, de force, d’importance. Les femmes sont renvoyées au domaine du care, tandis que les hommes sont dans l’action, le pouvoir.

VOCABULAIRE : 
Le mouvement body-positive est né en 1996 aux États-Unis. Il a pour but de s’opposer à la norme de la beauté unique (blanche, mince, hétéro, valide…) en donnant de la visibilité à des corps différents. 
L’essentialisme consiste à attribuer aux femmes et aux hommes des psychologies, des comportements, des caractéristiques sociales, des manières de voir différentes du fait de leurs différences biologiques observées et/ou scientifiquement avérées.

Les femmes et/ou personnes assignées femmes sont pluriel·le·s

En incitant dès l’enfance la petite fille à jouer à la poupée, faire la cuisine et le ménage, on la prépare déjà au moule social de la femme dans lequel on aimerait la faire rentrer. L’éducation, à la maison et à l’école joue un grand rôle dans notre construction.

Mais ce n’est pas parce que l’on ressent le poids de ce que la société attend des femmes et des personnes assignées femmes (avoir des enfants, dévaliser les magasins de manière frivole, être dépendante d’un homme pour les tâches de bricolage…), qu’il faut pour autant se montrer fataliste. Non, heureusement, n’en déplaise au fameux best-seller sexiste, toutes les femmes et/ou assigné·e·s telles ne viennent pas de Vénus !

Nous sommes tout·e·s différent·e·s, certain·e·s savent utiliser une perceuse, d’autres aiment les belles voitures, tiennent un rôle politique important, jouent à des sports de contact ou encore ne veulent pas avoir d’enfant.

Soyons libres de nos choix

À l’inverse, cela ne veut pas dire que les caractéristiques attribuées aux femmes doivent être rejetées en bloc… mais il est important d’avoir conscience de cette construction sociale du rôle de la femme, et d’avoir la liberté d’y prendre ce que l’on veut. Liberté de se maquiller, liberté de fonder une grande famille, liberté de cuisiner de beaux desserts… Liberté aussi de porter des strings ou des burkinis à la plage.

Les luttes pour les droits des femmes tournent toujours autour de la notion de choix. Nous voulons choisir nos vêtements, notre contraception, nos partenaires sexuels, avorter ou procréer… et tout simplement parfois ce qu’on a dans notre assiette, sans aucun jugement.

La liberté que nous revendiquons, est aussi celle d’assumer le genre qui nous correspond, qu’il soit en accord ou non avec celui qu’on nous a attribué à la naissance. Les personnes non-binaires subissent ainsi une oppression largement niée. Nous avons intitulé ce dossier Pour en finir avec « La Femme », pour donner la parole à celleux qui souhaitent braver les stéréotypes et les normes sociales.

Cet article a été publié dans le premier numéro de notre revue papier féministe, publié en septembre 2018. Si vous souhaitez l'acheter, c'est encore possible ici.

Publié par

Journaliste, cette ourse adore écrire sur les thématiques qui lui tiennent à coeur : discriminations, santé, féminisme, luttes… De formation littéraire, c’est une droguée de lecture et d’écriture, mais aussi une militante féministe et politique à ses heures perdues (ou gagnées !). Cette ourse est une gourmande qui ne résiste jamais à un chocolat, ou à un pot de miel… Curieuse de tout, elle traîne ses pattes sur les réseaux sociaux à la recherche de la moindre info. Taquine, elle aime embêter les autres ourses. Elle est aussi connue pour ses grognements et son caractère persévérant. Elle ne lâche rien.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s