Petite sélection musicale réalisée par plusieurs Ourses de la rédaction.

Janelle Monáe
En 2018, de nombreuses féministes ont découvert la chanteuse Janelle Monáe avec son clip “PYNK” où elle et plusieurs femmes dansent avec des pantalons mythiques en forme de vulve. Passionnée par les androïds et l’afrofuturisme, elle sort la même année Dirty Computer – an emotion picture, un film musical de son album. Les références au féminisme et à la communauté LGBTIQ+ y foisonnent et ses chansons mêlant soul, pop, funk et afropunk parlent essentiellement d’empowerment des femmes noires.
Dans une interview pour The Guardian en 2018, Janelle dit de Django Jane, un rap de l’album, “qu’il est une réponse à ce que je ressens face aux menaces infligées à mes droits en tant que femme, femme noire et femme libérée sexuellement”. Elle se définit actuellement comme pansexuelle.
Janelle Monáe excelle aussi à l’écran, vous pouvez notamment la voir dans Hidden Figures ou Moonlight.
Amé
Versinthë99
Ce groupe punk, créé en 2017, se définit comme “psychédélique, féministe et poétique”. Son nom vient de la “versinthe”, une absinthe du sud de la France. “Nous avons choisi le nom de cette fée verte, complice des poètes maudit·e·s et des soeurcières, car elle stimule l’imaginaire et a des vertus curatives. Et puis, le nombre 99 correspond au degré d’alcool et de folie de nos chansons”, explique Amélie qui officie au chant.
“Nos sonorités sont plurielles, elles doivent questionner, dénoncer, rassembler. L’absinthe nous inspire, mais aussi les Riot Grrrls, les militant·e·s féministes et LGBTQI+, la culture des seventies, la poésie comme Art de l’Insurrection, les cadavres exquis surréalistes, le spoken word ou les graffitis… !”
Sur Soundcloud, le groupe se présente aussi ainsi : “Battements punks, guitares bruyantes et poèmes alambiqués, VĖRSįNTHË 99 fait la peau au rock machiste et sème le désordre urbain.” Tout un programme ! Et, oui ça défoule plutôt bien à l’écoute…
Ourse Malléchée
“Malo” de Bebe
Sorti en 2004, l’album, Pafuera Telarañas de la chanteuse espagnole BeBe comprend deux chansons féministes. L’une d’entre elle, Malo, traite des violences conjugales et interpelle directement l’homme violent et machiste. Cette chanson est forte notamment par ses paroles, qui rappelle qu’ « on ne fait pas de mal à la personne qu’on aime » et qui décrit clairement les sentiments de la femme victime de violence. Le rythme, un subtile mélange de rock et de flamenco, joue également sur ces sentiments. La musique est douce, la voix de la chanteuse également lorsqu’elle parle de la douleur et l’inquiétude de la femme victime. Cela contraste avec le refrain : la chanteuse prend sa guitare et élève la voix, le rythme est plus tonique, pour montrer la rage de la femme qui souhaite s’en sortir et « faire payer ses blessures à l’homme ».
Cette chanson donne la chair de poule. Elle est aujourd’hui utilisée en bande-son de la série argentine Mujeres Asesinas. Elle est également utilisé lors des marches du mouvement féministe « Ni una menos » (Pas une de moins) en Argentine. L’autre chanson féministe de l’album, Ella, est plus positive, le clip met en scène différentes femmes qui sourient et dansent : « aujourd’hui tu vas découvrir que le monde est seulement pour toi, que personne personne ne peut te faire du mal ». Un hymne à la liberté.
Ourse sur la route
GURR
Groupe de Rock Garage berlinois formé à l’origine par Andreya Casablanca et Laura Lee. Fait plutôt extraordinaire, le groupe de jeunes femmes remporte le prix du meilleur album européen de l’année (IMPALA) pour leur premier album sorti en 2016, « In my head » (2016). Grant Box, fondateur du label « Duchess Box Records » a lui-même été immédiatement séduit par ce groupe de rock au féminin. Suite à cette première bonne impression est lancée une grande campagne marketing internationale – stratégie rare pour un groupe de rock indépendant allemand et le groupe part pour une tournée européenne et américaine.
« Gurr », nom aux consonances gutturales et originales, qui colle au rock dynamique produit par le groupe et provient de la phobie des pigeons d’une des deux artistes et rappelle à nos oreilles le mot « girl ». Coïncidence ? Non, car les jeunes femmes sont à l’origine du « First wave gurrlcore » – symbole d’une libération musicale et sexuelle qui se rapproche de la cause féministe moderne. Gurr, c’est donc un peu une sorte de « féminisme maison », DIY. D’autant plus que le groupe participe en plus activement à la promotion du statut de la femme dans la société, en ayant créé un mouvement allant contre la violence faite aux femmes, celui des « Riot Grrrl » prônant l’égalité des artistes femmes sur scène et dans l’industrie musicale. Ainsi leur forte présence en ligne sur le compte Instagram weformedaband@, permet de créer un tremplin pour les musiciennes qui cherchent une place au sein de l’industrie musicale, ouvrant ainsi le réseau musical aux femmes et personnes LGBTQ+. Leur nouvel album She says est sorti en 2019.
Sianourse
Mona Haydar
Mona Haydar est une rappeuse féministe. Portant de nombreuses casquettes, dont celles de poète et d’activiste. Ses chants sont des odes aux femmes, quelles que soient leurs religions, leurs couleurs de peau, leurs origines… Elle passe de la déclamation de ses poèmes au rap en 2015.
J’aime beaucoup Mona Haydar pour ses chants, toujours inspirés et engagés dans des causes qui me semblent justes. Ses clips sont positifs, plein de couleurs, et souvent un pied de nez, une réponse humoristique et sensée, à des insultes racistes et/ou sexistes.
Mona Haydar croit en la liberté des femmes de toutes les couleurs et origines et c’est quelqu’une qui fait du bien, qui met de bonne humeur et encourage à se rebeller si quelque chose ne nous convient pas.
Ourse Rebelle
« Unstoppable » de Sia
On ne présente plus Sia, une star mondiale, mais qui continue de toucher mon petit cœur de féministe, et en particulier avec cette chanson . Il vous suffit d’entendre son refrain pour ressentir une bouffée d’énergie et vous sentir « unstoppable »(inarrêtable). La voix puissante de Sia vous redonnera de la force les jours où vous en manquez, quand vous voguez entre deux boulots ou bataillez pour en avoir un, quand d’autres vous font douter de vous et de vos qualités, quand vos choix ne sont pas respectés, quand des comportements vous révoltent.
« Unstoppable », cela fait aussi écho à la vague inarrêtable de #metoo et à toutes les luttes que nous avons tenu à mettre en lumière dans ce nouveau numéro des Ourses à plumes. Parce qu’après tout, c’est plus facile d’être « unstoppable » quand on s’unit.
Boucle d’Ourse
Cet article a été publié dans le deuxième numéro de notre revue papier féministe, publié en décembre 2019. Si vous souhaitez l'acheter, c'est encore possible ici.