Queer Code : Partir à la rencontre de celles qui aimaient les femmes pendant la Seconde Guerre mondiale

Le projet Queer code propose de partir à la recherche des traces de nos aînées et de découvrir les parcours des femmes lesbiennes durant la Seconde Guerre mondiale. Queer code est une démarche pour écrire collectivement notre histoire. C’est un espace numérique collaboratif qui rend visibles les femmes ayant aimé des femmes, qu’elles furent cisgenres ou transgenres, trop longtemps invisibilisées. Le projet est désormais dans une phase de recensement des écrits scientifiques et militants et des différentes formes d’expressions artistiques. La traduction de certaines sources en lien avec le sujet a déjà commencé. À l’occasion des Journées du souvenir des victimes de la Déportation, le 22 avril prochain, au centre LGBT de Paris, aura lieu une « Queer code Party ».

"Où sont nos amoureuses?" R. Hunzinger
Crédits © Issu du film « Où sont nos amoureuses? »

Écrire dans les blancs de l’Histoire

Le site Queercode.net est né l’année dernière pour la commémoration de la libération des 70 ans de la libération des camps de concentration. Il relie des travaux d’activistes féministes, artistes, performeuses, historiennes, sociologues… Son but ? Donner de la visibilité aux parcours de vie de ces femmes qui se sont aimées pendant la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, les traces qui nous parviennent de ces parcours sont minces. C’est pourquoi Queer code fait le choix d’une réécriture de l’histoire en s’inspirant des démarches mises en œuvre par les artistes et poètes féministes, lesbiennes, bies, trans et queer. « Fais un effort pour te souvenir. Ou, à défaut, invente. »[1] La citation de Monique Wittig extraite des Guérillères pointe la nécessité d’inventer l’histoire quand elle est trop lacunaire. Il faut en combler les manques par l’invention. Ce volet du projet se mettra d’ailleurs en place en septembre, et l’équipe espère s’agrandir encore à cette occasion.

www.queercode.net
Crédits © Issu du film « Où sont nos amoureuses? »

Une démarche féministe et subversive

Queer code a aussi pour objectif de réinventer la démarche même qui consiste à appréhender l’Histoire des lesbiennes. D’où le choix de jouer sur les mots : QR Code, Queer Code ou encore celui de s’appliquer, en décalcomanie, un QR Code qui renvoie vers le site où sont réunies ces traces pour raviver la mémoire de celles qui ont résisté. Ainsi cela renverse l’acte du régime nazi qui consistait à tatouer un matricule sur l’avant-bras de chaque personne déportée.

Queer Code Party

Queer code Party

Le 22 avril sera mise à l’honneur Ruth Peter Worth, découverte notamment par la traduction des travaux de l’historien gay américain Jonathan Ned Katz. Ruth Peter Worth était une juive allemande lesbienne qui a émigré aux États-Unis pour échapper aux persécutions nazies. Elle fut internée au camp de Gurs (Pyrénées Atlantiques) à la même période que Lore Krüger, dont l’œuvre photographique est présentée actuellement au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme. Ce sera également l’occasion de voir ou revoir le film Où sont nos amoureuses. Ce documentaire de Robin Hunzinger raconte le destin d’Emma Pitoizet et Thérèse Pierre, deux Françaises qui s’aimèrent durant les années 30 et 40.

Queer code Party : 22 avril à 19h au Centre LGBT Paris-IDF, 63 Rue Beaubourg

Plus d’informations :
– le site Queer code
– sur le site Barbi(e)turix : « Penser la place des lesbiennes dans la Deuxième Guerre Mondiale »
– sur Facebook : QueeR code

[1] Monique Wittig : Guérillères (1969)