Droit à l’avortement : un accès très difficile à Paris

Secrétariat injoignable, manque de places, absence de choix pour la méthode, confidentialité non-respectée, remboursement partiel… La liste des dysfonctionnements dénoncés par le Planning familial 75 est longue.

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© Ourse Malléchée

Plus de 130 établissements fermés en dix ans en France

Avec son enquête 2014 sur l’accès à l’avortement à Paris, le Planning familial a voulu « alerter les pouvoirs publics », mais aussi « aider les femmes à s’orienter vers les bons hôpitaux », avec une liste utile (présente dans l’enquête, elle devrait être bientôt mise en ligne sur le site du Planning familial 75).

Depuis ces 10 dernières années, plus de 130 établissements de santé pratiquant l’IVG ont fermé en France. En 1999, 13 hôpitaux publics pratiquaient l’IVG à Paris, mais seulement 9 en 2014. Une conséquence de la loi santé Bachelot de 2009, qui conduit à une surcharge des hôpitaux pratiquants.

Des services surchargés

Pour son enquête, le Planning familial 75 a procédé en se présentant comme tel auprès des établissements de santé, mais également en se faisant passer pour une femme désirant se faire avorter. Les résultats prouvent un écart important entre le discours et la mise en pratique.

La première étape, contacter un secrétariat pour prendre un rendez-vous. Les horaires d’ouverture sont souvent très réduits et il faut plusieurs tentatives avant de réussir à joindre le service. Sur les 10 établissements contactés, près de la moitié des appels téléphoniques n’aboutissent pas. Pour ceux qui répondent, certains demandent à ce qu’on se déplace pour prendre rendez-vous, et deux établissements sur les 10 n’avaient pas de place pour faire une IVG.

Pour les avortements en urgence, 9 hôpitaux sur 10 déclarent pratiquer IVG jusqu’à la fin du délai légal. Mais seulement 6 hôpitaux sont joignables et seulement 4 ont de la place pour une IVG en urgence. Les militantes du Planning familial soulignent que « si l’annonce de la suppression du délai de réflexion est une avancée, elle doit s’appuyer sur des moyens, car les places manquent, le personnel formé également ».

Plus de 3.000 femmes partent se faire avorter à l’étranger

Faute de places, notamment pendant les périodes de vacances, plus de 3.000 femmes partent à l’étranger se faire avorter chaque année. A titre d’exemple, près de 4 hôpitaux sur 10 ne pratiquent pas IVG pendant les vacances de Noël.

Le choix de la méthode employée est rarement celui de la patiente, mais s’effectue en fonction des établissements. Les hôpitaux ont tendance à privilégier l’IVG médicamenteuse lorsqu’elle peut s’effectuer à domicile, car cela leur coûte moins cher, et ne nécessite ni chambre, ni bloc opératoire.

Double peine pour les femmes immigrées

Pour celles qui ne bénéficient pas d’assurance, notamment les femmes immigrées, tout n’est pas gratuit. Depuis mars 2013, la loi de 2012 en faveur de la prise en charge à 100% des IVG par l’assurance maladie est appliquée. Les femmes ne sont plus obligées d’avancer tous les frais, mais l’assurance maladie ne prend en charge qu’un forfait global. Celui-ci n’inclue pas les consultations pré-IVG, les analyses, ou encore les antalgiques.

Cette enquête rappelle que le droit à l’avortement est encore une bataille qu’il faut mener et que l’accès à la contraception ne l’a pas rendu obsolète, puisque 40% des femmes en France font une IVG au cours de leur vie.

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