Des conditions de travail déplorables
C’est devant l’accumulation que la grève a été décidée. Heures supplémentaires non payées, semaines de travail jusqu’à parfois 7 jours de travail d’affilée et travail de nuit non majoré, formation partielle, pas de tickets restaurants, salle de pause de 4m², aucune évolution de salaire possible, même à l’ancienneté, et surtout, harcèlement moral et sexuel constant, des interlocuteurs comme de la direction… c’est une insulte de trop qui a été la goutte d’eau.
Depuis le 16 mars, la dizaine de salariées en grève tiennent le piquet devant le 48 boulevard des Coquibus à Evry. Malgré le turn over et la précarité, la solidarité a fleuri et les salariées réclament 120 euros d’augmentation, un treizième mois et une salle de pause. Le patron, Alain Karadjian, refuse en déclarant que « ce n’est pas une période faste pour l’entreprise ».
Il n’y a que des mots, aucune action concrète, c’est pour ça qu’on continue
Une grève exemplaire
Piquets de grève avec diffusions de tracts, interpellation des élus et distributions de tracts à la population, rassemblement devant l’immeuble de la direction, et même cortège à la manifestation du 9 avril, les travailleuses en lutte ne lâchent rien. Elles ont même empêché des nouvelles venues embauchées pour casser la grève d’entrer dans le bâtiment, à la suite de quoi le patron a appelé la police pour intervenir.
Avec le soutien de la CGT, une caisse de solidarité a été mise en place (1).
Prochaine étape : la saisine des prud’hommes.
Le télésecrétariat : un travail soumis au « job strain »
Cette lutte de femmes, souvent jeunes et souvent non-Blanches, est, en plus des revendications syndicales sur le salaires et les horaires, symptomatique du job strain. Cet indicateur répondant au modèle de Karasek se caractérise par la « combinaison d’une faible latitude décisionnelle avec une demande psychologique élevée ». Ajoutons également le critère de « faible soutien social ». (2)
En clair, ces emplois sont épuisants nerveusement et psychologiquement.
Ce stress très particulier est notamment surreprésenté pour les postes en relation avec le public, fréquemment interrompu, surencadré (devoir rendre compte de son travail au moins une fois par jour). S’y jouent donc à la fois une dimension de classe (11,7% chez les cadres contre 30,25% chez les employé-e-s) et de genre (19,6% chez les hommes, 28,2% chez les femmes). Ainsi plus d’un tiers des ouvrières (36%) sont exposées au job strain.
(1) Envoyer un chèque à l’UL CGT Évry, Espace Victor Hugo, 91 000 Évry, avec la mention « Solidarité Appel 24 »
(2) http://www.travailler-mieux.gouv.fr/Etudes-et-Chiffres-Cles.html