Les travailleuses du sexe de Belleville ont organisé une journée d’action dans leur quartier pour dénoncer le harcèlement policier dont sont victimes les travailleuses du sexe immigrées. La journée a commencé par un pique-nique, suivi d’un nettoyage solidaire et symbolique du quartier. Puis vers 18h a eu lieu un rassemblement où, Aying des Roses d’Acier, ainsi que différentes organisations participant à l’action ont pris la parole. Des chansons chinoises ont été chantées, avant de finir par une assemblée générale pour décider de la suite de la mobilisation qui sera prévue après les vacances d’été. Cette journée permit de constater le soutien des habitant-e-s du quartier.
Une lettre à destination du Procureur de la République et signée par plusieurs associations vient d’être envoyée afin de dénoncer cette politique et demander une enquête sur ces pratiques.
Un harcèlement policier sans précédent
Depuis plus d’un mois, les policiers viennent quotidiennement pour procéder à des interpellations visant spécifiquement les travailleuses du sexe. Ils effectuent des contrôles d’identité, n’hésitant pas à prendre des photos avec leur téléphone personnel, et déchirer leurs photocopies de pièce d’identité (ce qui les empêche de rester sur place sous risque de se retrouver arrêtées ; souvent par les mêmes policiers). En plus d’un sexisme flagrant, on observe une véritable politique d’intimidation dans le but de les faire disparaître de leurs propres quartiers. Il y a régulièrement des arrestations, sous le prétexte du racolage passif, de l’absence de pièce d’identité, voire sans véritable motif légal.
L’impact est très important sur leurs conditions de travail, rendu plus difficile, alors qu’elles doivent envoyer de l’argent pour leur famille en Chine, pour permettre à leurs enfants d’aller à l’école ou encore à leurs parents pour se soigner (il n’y a pas de sécurité sociale là-bas). « Nous ne pouvons pas travailler, nous sommes en train de crever. Cela fait peur », s’inquiète la trésorière des Roses d’Acier.
« Nous ne pouvons pas travailler, nous sommes en train de crever. Cela fait peur »
Selon les témoignages qu’on peut trouver sur le site Internet du Strass, les policiers vont parfois même jusqu’à attendre les travailleuses du sexe en bas de leurs immeubles.
Cette répression est inédite : auparavant, quand la police venait, c’était principalement pour contrôler, sans ciblage, l’identité des gens. Maintenant, ils ne visent plus que les femmes, généralement celles qu’ils supposent étrangères et travailleuses du sexe.

Une association d’entraide
L’association Les Roses d’Acier a été créée il y a 8 mois par des travailleuses du sexe chinoises pour pouvoir faire face aux nombreuses difficultés qu’elles rencontrent, au niveau de leur travail, de leur famille, mais aussi les violences dont elles sont victimes. Les Roses d’Acier proposent des ateliers de langue et d’informatique pour améliorer leurs conditions de travail ainsi que plus généralement leur quotidien.
Ce cadre permet d’organiser des moments conviviaux, comme des soirées entre femmes (par exemple pour le Nouvel An chinois). Les membres envisagent de faire des choses pour leur santé et de donner une formation juridique. Elles projettent enfin d’organiser un voyage de quelques jours en province pour visiter la France.
« Nous sommes un groupe minoritaire, nous n’avons pas beaucoup de ressources pour réaliser des projets. Il faut que le gouvernement tienne compte de notre sensibilité et notre vulnérabilité. Nous espérons ouvrir un dialogue avec le gouvernement », souhaite la trésorière de l’association.
Elles revendiquent un espace social de vie où elles se sentiraient égales aux autres, ainsi que des conditions sécurisantes pour travailler. Dans ce but, elles organisent différentes mobilisations et participent aussi à des luttes pour les migrant-e-s ou les travailleu-r-se-s du sexe. L’intersectionnalité reste au coeur de leur lutte.
L’origine du nom « Roses d’Acier » vient d’une chanson chinoise dont la symbolique est « Femmes vives, responsables et solides ».