Une première fois de plus

Avertissement : Ces textes mélangent vécus et fantasmes, kaléidoscope de fragments de sensations : personne à reconnaître, et pourtant, comme un reflet de miroir entraperçu, vous pourriez retrouver une trace de vous… Ils se veulent aussi volontairement dégenrés (« ellui » « iel », « lea » indiquent ici femme, homme, cis ou trans, ou non-binaire).

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La première fois avec ellui, un démarrage d’une déconcertante banalité. Fin de soirée, allongé∙e∙s dans le même lit sous le prétexte éculé d’un hébergement solidaire. Pourtant, de la soirée, aucune certitude sur la concrétisation de ce script si souvent feuilleté. Davantage une attirance qu’un désir.

Des regards, des effleurements, peut-être certains contacts un peu appuyés, mais rien de très concluant. Alors ? A voir.

Le temps passe, chacun∙e attend de l’autre le premier mouvement. Tapi∙e∙s dans l’obscurité, le souffle seul comme indication de l’éveil de l’autre. La tension monte, les mouvements se font un peu plus audacieux ; nous sommes maintenant tou∙te∙s les deux sur le côté, l’un∙e vers l’autre. La respiration s’accélère, la température augmente. Chacun∙e s’ajuste, comment briser cette fragile mais cruciale trame, qui fera ce premier geste ?

Comme par maladresse, l’un∙e glisse son pied contre le pied de l’autre. Ce premier contact comme une porte ouverte. L’autre ramène son deuxième pied, tente une première caresse comme un ballon d’essai. Il est encore temps de faire croire à un malentendu, chacun∙e sauverait la face. Mais.

Tout s’enchaîne. Soudain les jambes s’entrecroisent, attirant avec elles les bustes et le premier contact des bassins déjà brûlants ; les mains glissent sur les torses, le long du dos. A l’aveugle, les bouches se cherchent, les doigts s’enchevêtrent à travers les chevelures soyeuses, les respirations s’accélèrent, et brusquement la première main sous un t-shirt, toute la surface de cette paume fraîche sur la peau chaude, je sursaute, mais déjà la main a repris le tissu, tirant passionnément pour m’extirper de cette prison de coton ; je l’enlève moi-même, comme un cadeau ; iel m’imite et ce signal réciproque de consentement augmente encore un peu plus notre désir de l’autre – et nos poitrines se rencontrent, nous partageons cette douce chaleur – il ne reste plus que nos bassins encore habillés et pendant quelques instants, nous savourons la sensation de l’autre tout le long de nos corps…

C’est moi qui descend la première ; d’abord le long de son cou, en aspirant la ligne de l’oreille à l’épaule ; ses premiers gémissements me récompensent. Puis doucement, à sa poitrine ; de la main je caresse ses seins tandis que j’humecte mes lèvres ; lèvres que je glisse sur ses tétons ; j’aspire tout et stimule de ma langue en pointe ; je les sens se durcir sous ma bouche… et je les libère ; je continue ma descente le long de son ventre ; mes mains me précèdent, le long de ses hanches, à l’intérieur de ses cuisses, contre le tissu qui couvre encore son sexe – ma bouche contre ce coton qui s’humidifie des deux côtés, cette fine barrière à travers laquelle nous faisons connaissance ; je découvre la forme de son sexe, et petit à petit, très lentement pour lui laisser le temps de m’arrêter, j’écarte ce rideau, avançant ma bouche humide – ses mains saisissent ma tête et m’enfoncent contre son bassin ; j’écarte ses cuisses et plonge la bouche la première.

Son humidité, déjà, son goût, ses mouvements convulsifs du bassin, son souffle court, ses gémissements, ses mains crispées emmêlées entravées dans mes cheveux, les miennes partout

Brutalement iel s’arrache à mon étreinte, me repousse et reprenant l’avantage entreprend d’explorer mon corps – j’apprécie mais frustré∙e de mon premier élan je rebascule et par une contorsion cambrée je reviens à son entrejambe ; iel se réajuste, manifestant son enthousiaste par un sourire et une caresse légère. Nous nous déshabillons mutuellement et nous restons ainsi, sur le côté, à partager un plaisir réciproque pendant quelques temps – mais bientôt la jouissance diminue notre efficacité et le peu de surface de contact se fait sentir ; nous revenons presque du même mouvement en position assise et nos baisers sont ceux de retrouvailles…

Nos mains retrouvent leur liberté et leur créativité ; comme une pause nous reprenons le temps de découvrir nos corps, de trouver nos zones érogènes ; sourires complices quand un geste provoque une aspiration soudaine, douceur des regards admiratifs, progression lente vers le plaisir… Et petit à petit les choses se pimentent, les gestes se font plus fermes, les langues plus osées ; jusqu’à ce que la chaleur revienne plus intense ; l’étreinte se durcit, les mains, les doigts, les ongles même, en symphonie de plus en plus saccadée, la transpiration perle, et maintenant l’un∙e se rallonge, tirant l’autre, qui se glisse entre ses cuisses ; dans le creux de l’oreille et les souffles les questions et répons sont échangés – et les mouvements commencent, d’abord lentement, comme avec prudence, puis plus vite, au rythme des respirations et au son des mots de l’autre ; le plaisir monte à chaque coup de bassin et l’orgasme éclate pour l’un∙e. L’autre se retire immédiatement pour lea laisser savourer, mais le plaisir encore bien présent porte avec lui le désir d’une réciprocité ; cellui déjà satisfait∙e aide efficacement l’autre à atteindre son apogée… et la vague reflue ; c’est dans les bras l’un∙e de l’autre que nous sentons les battements de nos cœurs ralentir………….

Plus tard, encore d’autres fois, dans cette nuit, et d’autres.

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