Après les violences commises contres les personnes LGBTQIA+ en Tchétchénie dès avril 2017, une deuxième vague d’arrestations a débuté depuis fin décembre 2018. En toute impunité.

Depuis avril 2017, l’horreur des persécutions LGBTphobes en Tchétchénie a été révélée. Plusieurs témoignages ont évoqués de la torture, des rafles, des camps de concentration… Un vocabulaire qui évoque une logique d’extermination de la population LGBT.
Le 1er avril 2017, la Novaya Gazeta avait publié un article révélant que des centaines d’homosexuel-le-s étaient emprisonné-e-s et torturé-e-s dans des prisons secrètes en Tchétchénie. L’article se basait sur des informations du ministère de l’intérieur russe, de l’administration présidentielle tchétchène, ou encore le bureau du procureur de Grozny et quelques associations LGBT du pays.
Les réactions à l’international, lentes, ont été assez peu efficaces. A l’image d’un Vladimir Poutine impassible et persévérant dans sa politique oppressive et lgbtphobe, le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov nie ces actes, tout en réaffirmant son homophobie. Dans un entretien pour la chaîne américaine HBO Sports, le 14 juillet 2017, il répond au journaliste en affirmant que sa préoccupation est « absurde », puisqu’ « il n’y a pas de gays en Tchétchénie ! S’il y en a, emmenez-les loin pour qu’on en ait pas chez nous ». Fuir est cependant loin d’être facile, peu de réfugié-e-s ont réussi à rejoindre un pays sûr.
Une 2e vague d’arrestations
Si les arrestations avaient semble-t-il cessé, ou en tout cas diminué, une deuxième vague vient d’être constatée et alerte de nouveau. Depuis la fin décembre 2018, une quarantaine de personnes présumées homosexuelles auraient été arrêtées, deux auraient été tuées après avoir été torturées, selon l’association russe LGBT Network. Les militant-e-s LGBT russes affirment que la nouvelle vague d’arrestations fait suite à la détention fin 2018 de l’administrateur d’un groupe destiné aux gays tchétchènes sur le réseau social VKontakte.
L’impunité et l’absence d’enquête sérieuse concernant les violences de 2017 « montre que les gays et les lesbiennes en Tchétchénie ne peuvent pas compter sur les autorités russes pour les protéger » dénonce l’ONG Amnesty International. En décembre 2018, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe a publié un rapport dans lequel elle accuse la Russie de soustraire les responsables tchétchènes à tout examen. La communauté internationale va-t-elle finir par réagir pour de bon ?
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