La première bande-dessinée de Lucie Lgt, « Ça ira mieux quand… », est une succession d’anecdotes, sur le quotidien d’une jeune femme féministe queer, vénère et paumée, comme l’indique le sous-titre, mais aborde aussi ses réflexions sur notre société.

L’héroïne de Lucie Lgt nous fait un peu penser à l’Agrippine de Claire Bretécher : elle parle crûment, semble un peu paumée, et se révolte contre le monde qui ne la comprend pas. L’autrice nous livre des tranches de vie autobiographiques, mais aussi le portrait de toute une génération de jeunes féministes en questionnements.
« Parler d’amour c’est politique, mais ça touche quand même au plus intime. Donc ça peut prendre du temps d’orienter ses manières de relationner vers ce qu’on défend politiquement », confie son héroïne. Au fil des pages, elle se déconstruit, interroge et dénonce la toxicité des relations hétérosexuelles, s’affirme comme queer et parle aussi de son hypersensibilité. Dans son avant-propos, la dessinatrice résume son œuvre : « ça parle d’amour, de féminisme, de tracas du quotidien, de découverte de soi et du monde, de blessures et de guérison, bref de plein de choses, parfois rigolotes et parfois moins. » Le ton oscille entre autodérision, dénonciation, pédagogie…
Lucie, en posture d’ « harpie vénère », s’époumone contre l’injonction à l’épilation, les minimisations des violences faites aux femmes, le non-respect du consentement, la charge émotionnelle de la relation assurée par la femme dans le couple hétéro, ou même encore le sexisme intériorisé de certaines femmes. Tout en prenant le temps de développer sa réflexion : « Et NON les meufs ne sont pas des « vipères entre elles par nature gna gna gna » : c’est l’intériorisation des normes sexistes qui nous met en perpétuelle compétition. » Dans ses pages dédiées à la sororité et l’adelphité, elle souligne avec insistance que « la sororité c’est avant tout une histoire d’INCLUSION », puis cite bell hooks.
Attachante, l’héroïne nous livre avec son humour misandre son quotidien, sans chichis, avec des réflexions qui nous touchent : « Aaah ils peuvent jouer aux gros bras mais, vu tout ce à quoi on survit quotidiennement, je nous trouve quand même bien plus BADASS ».
Ça ira mieux quand... , Lucie Lgt, éditions Les Insolent.e.s, 24,95€.
Compte Instagram de l'autrice : @lucielgt