La Queer Week organise une sex-party en non-mixité « MeufsGouinesBi.e.sTrans*Inter* », c’est-à-dire sans hommes cisgenres. La deuxième édition de la Drama se tiendra ce dimanche 17 mars au 17 quai de l’Oise. Nous avons rencontré Elsa, du collectif, qui répond à nos questions de néophytes.
Toutes les réponses dont vous avez besoin pour enfin oser vous y lancer !
La Queer Week est une semaine de réflexion sur les genres, les corps et les sexualités à Paris au mois de mars. L’édition 2019 se tient du 15 au 23 mars.
1. D’où vient le besoin de créer une sex-party en non-mixité sans hommes cis?
Je suis arrivée dans l’équipe de la Queer Week l’année dernière et il n’y avait rien dans le genre. J’étais allée aux deux premières sex parties de la Mutinerie et j’avais trouvé ça hyper intéressant. Pas tant parce que j’avais rencontré du monde mais parce que ça me semblait un espace merveilleux où on repoussait les limites qu’on nous avait toujours imposées dans la société hétérocispatriarcale : un sexe cis hétéro, dans la chambre à coucher, entre deux personnes (mariées de préférence), vanille, coïtal, intragénérationnel. Pour moi, les sex parties sont hyper politiques, c’est un moyen parmi d’autres de se réapproprier quelque chose dont on nous a toujours privé : nos corps, nos sexualités et nos désirs.
2. A quoi ça ressemble, une sex-party queer et féministe? Est-ce qu’il y a un dress code?
Non, pas de dress code ! Et c’est ça qui est bien ! Personnellement, c’est le seul endroit où je me sens de m’habiller un peu plus « fémininement », ou de m’habiller un peu moins que d’habitude, genre de mettre des jupes ou de me trimballer torse nu. Parce que je sais que je vais pas être hyper sexualisée contre mon gré et que je risque rien. Dans la dernière Drama, j’ai vu des personnes nues, habillées en robe ou en jogging, en harnais… Y a pas de règle.
3. A ton avis, qu’est-ce qui est le plus difficile pour une personne qui vient à sa première Drama? Le plus enthousiasmant?
Le plus difficile, c’est sûrement de se motiver à passer le pas de sa porte. Ensuite sur le chemin, on est en train de se demander « mais qu’est-ce que je suis en train de foutre ? » en voulant tourner les talons 100 fois. Parce que ça peut faire peur une soirée où les gen.te.s font du cul, à cause de notre sociabilité, de nos traumas, de nos désirs peut être pas assumés… Et la peur aussi d’être la seule personne de la soirée à ne pas coucher alors qu’on en a envie. Ou d’avoir envie d’y aller mais de pas avoir envie de niquer. Mais faut surtout dé-dramatiser (lol), et ne pas se mettre la pression : ce n’est qu’une soirée.
Le plus enthousiasmant ? Pour moi, c’est que c’est une soirée où on peut être soi-même et qu’il n’y a pas de jugement (j’espère !!). Le lendemain les choses sont toujours les mêmes : j’ai déjà vu mes potes ou mes partenaires avoir des rapports et je suis juste contente pour elleux.
[Note de la rédaction : la soirée commencera par des ateliers pour faire connaissance, se mettre dans l’ambiance… tous les détails sur la page de l’événement !]
4. Au-delà des ateliers, comment se déroule une soirée pour un.e participant.e dans l’idéal?
Il n’y a pas d’idéal, tu fais ce que tu veux de ta soirée. C’est comme un livre avec plusieurs options, : tu peux arriver tôt et faire les ateliers, y rencontrer une jolie personne et finir ta soirée avec, en rentrant avec elle ; tu peux venir à 23h et te pointer dans un plan à 5 avec des inconnu.e.s ; tu peux venir avec ton cher et tendre et passer la soirée à danser … Personnnellement, ma soirée idéale, c’est de voir que tout le monde passe une bonne soirée, qu’il n’y ait pas de dramas et que je puisse finir par participer une fois le stress de l’orga passé.
5. Est-on obligé.e de participer? Si on vient et qu’on ne se sent finalement pas d’avoir des rapports sexuels, faut-il partir pour ne pas gêner, est-il déplacé d’être présent.e sans participer?
Alors évidemment, tu fais ce que tu veux. Il n’y a rien que tu DOIVES faire. Sache juste que si finalement tu n’as pas envie d’avoir des rapports sexuels avec quelqu’un.e, tu peux tout à fait rester, danser, mater (si les personnes sont ok) ou partir, si c’est que tu désires. Il y aura aussi les membres de la Queer Week pour t’aider si tu te sens seul.e.
6. Quels conseils tu donnerais à une personne qui participerait à un tel événement pour la première fois pour trouver des partenaires…et décliner des avances?
Ne te mets pas trop la pression. Il faut se dire 97% des personnes présentes ont envie de rencontrer du monde, soit des ami.e.s soit des partenaires de jeu. Sinon iels ne sortiraient pas dans un lieu public. Et essaie de te lancer. Si tout le monde attend et se regarde dans le blanc des yeux, possible qu’il ne se passe pas grand chose. En tant que queer, on a généralement l’habitude de ne pas prendre les devants par peur de se prendre un râteau ou pour mille autres raisons. Et paradoxalement, on a peur de mettre des stops. Il n’y a pas de « recette miracle » pour décliner des avances. Il faudrait essayer de dire au mieux ce que tu penses et ce dont tu as envie, pour éviter de te retrouver dans une position délicate plus tard ou pour mettre l’autre dans une position délicate. Je pense que dire simplement que tu n’as pas envie est aussi la meilleure manière pour toi d’entendre quand quelqu’un.e te dit ça et espérons qu’à la fin, tout le monde soit ok de s’entendre dire non.
Question bonus : Est-ce que tu conseillerais de venir avec des ami.e.s, des partenaires?
Alors personnellement, j’ai beaucoup de mal à venir avec « mes partenaires » à des sex parties, par peur des dramas justement. En général, je préfère que ce soit clair que je viens « de mon côté », aussi pour éviter qu’il y ait des attentes inexplicitées de leur côté, mais bien sûr ça dépend des partenaires. Et ensuite on rentre ensemble pour se faire des câlins et du care si besoin. Dans tous les cas j’en parle avec elleux, on discute de « qui, quand, comment » au maximum, pour respecter nos limites respectives. Le polyamour certes, mais pas au détriment des autres. Je pense que l’important, c’est encore une fois de communiquer sur nos envies et désirs au maximum, et aussi d’accepter s’il y a des « changements de plan ». On ne signe pas de contrat et si tu as des désirs, envies ou peurs que tu n’as pas envisagé.e.s, parlons en pendant la soirée. Et sinon j’ai aucun souci de venir avec des ami.e.s, c’est cool de danser avec elleux, puis de t’éclipser au besoin avec un.e/des partenaire(s) de jeu, revenir boire un verre avec tes potes… Dans tous les cas, on en discute : je stipule bien que je risque de « disparaître » à un moment dans la soirée. D’ailleurs, à chaque fois que j’organise une soirée, je checke avec tou.te.s mes potes si iels vont venir et à chaque fois que y en a un.e qui annule, je suis là « omg y aura personne à notre soirée ». J’ai tendance à oublier que je fais pas une soirée dans mon appart mais dans un club avec potentiellement 200 personnes.
Les infos pratiques : Drama : Soirée Q en non-mixité MeufsGouinesBi.e.sTrans*Inter* : le dimanche 17 mars de 18h à 2h du matin, au 17 quai de l’Oise.
La Charte & le Déroulement de la soirée :
Bien-être et safer spaces en soirée Q
Bien-être en soirée 💎
1. Le racisme, le sexisme, la transphobie, la grossophobie, le validisme, l’agisme et toute autre forme de ***phobie/***isme ne sont pas toléré.e.s ;
2. Le désir et la volonté explicites, le consentement sont primordiaux et doivent être respectés : communique avec ton.ta.tes partenaire.s ;
3. Chaque situation doit être validée explicitement par tou.te.s les participant.e.s, dans les plans à deux comme à dix : c’est à toi de t’en assurer ;
4. Chaque personne est responsable d’elle-même et de ses limites : si ce que tu as ingéré altère tes sensations ou ta conscience des évènements, communique le à ton.ta.tes partenaire.s afin de garantir le respect de vos limites personnelles ;
5. La consommation d’alcool est la responsabilité de chacun.e : tu es responsable de ce que tu bois, avertis ton.ta.tes partenaire.s de ton état ;
6. Il n’y a aucune injonction à faire du sexe, à la nudité et aux pratiques : à toi de faire en sorte que personne ne se sente mal à l’aise ou forcé.e à quoique ce soit durant sa soirée ;
7. Aucune remarque déplacée, transphobe, grossophobe, raciste, sur les corps ou les parties du corps de quelqu’un.e n’est tolérée : garde tes remarques pour toi car personne ne veut les entendre ;
8. Toutes photos, vidéos, enregistrements sont interdit.e.s ;
Tout manquement à la charte entrainera l’exclusion immédiate de la soirée.
N’hésitez pas à venir voir un.e membre de l’équipe si vous avez un soucis ou en êtes témoin (transphobie, racisme, non respect du consentement etc…).
Déroulement de la soirée 💎
1. A l’entrée on posera la question classique pour vérifier que vous ne vous êtes pas trompé.e.s de soirée ;
2. Le club contient des espaces pour se changer ;
3. Pendant la soirée, pensez si possible à vous introduire par votre prénom et votre pronom ;
4. Tu peux ramener tes objets pendant la soirée, surtout si tu participes aux ateliers, cependant ne ramène pas d’objets dangereux, tranchants et/ou perçants (seringues, couteaux, pistolets à clous etc.). Tu es responsable des objets que tu amènes et de leur utilisation ;
6. Les pratiques « salissantes » sont interdites pour des raisons pratiques (urophilie, scatophilie, pratiques impliquant du sang, bougies etc.) ;
7. Des lingettes seront à ta disposition, pense à nettoyer après toi et à jeter ce que tu as utilisé dans des poubelles ;
8. Si vous avez un doute sur une situation problématique, si vous êtes témoins ou subissez des violences (insulte, remarque déplacée, transphobie/racisme/grossophobie… ordinaire, violence physique), si vous avez des questions, si vous vous sentez seul.e, venez nous voir.