Chaque année depuis 1997, une coordination d’associations organise l’ExisTransInter à Paris, marche des personnes trans et intersexes et de leurs soutiens. Cette année, elle aura lieu le samedi 14 mai 2022 et prendra la rue au départ de la place de l’Opéra, en direction de la place du Châtelet. Au cœur des revendications, la volonté de sortir d’une approche de survie face aux pouvoirs publics.

Depuis vingt-cinq ans, la marche annuelle met en avant la lutte pour les droits des personnes trans et intersexes. Renommée « ExisTransInter » en 2019, l’ExisTrans naît en 1997, à l’initiative de l’Association du syndrome de Benjamin, ancienne association d’entraide, pour la défense et la dignité des personnes trans. Au fur et à mesure de son histoire, d’autres associations se joignent à l’organisation de la marche, telles que Act-Up Paris, GAT (Groupe Activiste Trans), ou l’Organisation internationale des intersexes – Europe (OII Europe).
« On vise l’autonomie, pas la survie ! »
Le slogan de cette année met en avant le désir d’une autonomie réelle des personnes, pour qu’elles ne soient plus réduites à lutter pour pouvoir survivre. Pour combattre la marginalisation et la précarisation et garantir l’autonomie matérielle des personnes trans et intersexes, les associations luttent pour la formation et la sensibilisation des personnels d’accueil, dans les lieux administratifs et éducatifs, et réclament l’abandon des lois criminalisant le travail du sexe, qui mettent en danger les personnes trans et intersexes concernées.
(sur la précarisation des TDS engendrée par la politique abolitionniste, voir deux précédents articles des Ourses ici et ici)
Les personnes trans et intersexes sont plus exposées à la pauvreté, au manque d’emploi ou au sous-emploi et sont plus susceptibles de perdre leur emploi, et doivent prendre en charge une grande part, voire l’intégralité, de leurs soins de santé. Les associations demandent donc que les soins soient pleinement pris en charge par la Sécurité Sociale, qu’ils soient fondés sur des choix libres ou qu’ils découlent de violences médicales. Les personnes trans et intersexes, traitées en éternelles mineures, sont en effet régulièrement dépossédées de leur autodétermination et de leur consentement libre et éclairé, et demandent l’accès une véritable autonomie médicale. Cette autonomie passe notamment par la dépsychiatrisation, c’est-à-dire la fin de la mainmise des psychiatres sur les parcours trans et de leur légimitation des mutilations intersexes, le maintien de la diversité des traitements hormonaux accessibles sur le marché et l’accès libre à la PMA.
L’autonomie est également institutionnelle ; les associations demandent ainsi la suppression de la mention dite « de sexe » à l’état civil et sur l ’ensemble des documents d’identité, et à défaut, le changement de la mention dite « de sexe » à l’état civil libre et gratuit en mairie, sans évaluation juridique, l’ouverture de l’accès au changement d’état civil pour les mineur-e-s, l’ouverture d’un fonds d’indemnisation pour les personnes trans et intersexes victimes de violences d’État (stérilisation des personnes trans obligatoire en amont du changement d’état civil avant 2016, et mutilations des enfants intersexes) ainsi que la condamnation de leurs auteurs, la régularisation de toutes les personnes trans et intersexes migrantes et en particulier le respect des demandes de séjour pour soin de celles qui sont exposées à la pandémie de VIH-SIDA, l’application effective et systématique de la loi contre les thérapies de conversion, le respect des droits humains des personnes trans et intersexes en milieu carcéral…
Les personnes trans, intersexes et toutes celles qui les soutiennent sont ainsi invité-e-s à marcher à Paris, le 14 mai 2022. Rendez-vous place de l'Opéra.
Retrouvez l'appel à marcher ici Faites un don ici