Grève à la maternité de Tenon

La maternité de Tenon, dans le XXe arrondissement de Paris, est en grève pour exiger de meilleures conditions de travail et d’accueil. Après une longue grève victorieuse entre 2009 et 2011 pour sauver le centre IVG, c’est aujourd’hui autour de la maternité que les personnels se mobilisent.

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Hôpital Tenon (Paris)

L’hôpital Tenon est bien connu des militant.e.s féministes de Paris. C’est autour de son centre IVG que se sont déroulés de forts affrontements, avec des anti-IVG venu.e.s en prière, comme avec les forces de l’ordre et la direction de l’hôpital lors de la mobilisation de 16 mois qui a permis le maintien du centre IVG. Cette mobilisation, menée par un collectif rassemblant personnels et usager.e.s, associations féministes, syndicats et organisations politiques, a soutenu la grève de 12 semaines des personnels et débouché sur une victoire.

Mais les attaques contre les structures concernant les droits reproductifs en France ne s’arrêtent pas pour autant. Simultanément à la fermeture de centres IVG, (130 centres fermés en 10 ans, alors que le nombre d’IVG reste stable), la restructuration des maternités, préconisée par la Cour des Comptes, multiplie les usines au détriment des petites structures. « Alors que 107 maternités réalisaient moins de 500 accouchements par an en 2003, elles n’étaient plus que 57 en 2010. Parallèlement, durant ces sept années, les grosses maternités (plus de 2 000 naissances annuelles) sont passées de 95 à 137 établissements. » (Pourquoi le nombre de maternités a été divisé par trois en quarante ans, Le Monde, 1er avril 2016)

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Aujourd’hui, à la maternité de Tenon,  la direction de l’hôpital souhaite augmenter l’activité, en passant de 1800 accouchements en 2016 à 2800 en 2017, soit une augmentation de 155 %. Bien évidemment, elle ne prévoit aucune  embauche supplémentaire, et accélère au contraire la dégradation des conditions de travail et de la reconnaissance professionnelle en planifiant la fusion des fonctions des aide-
soignantes et des auxiliaires de puériculture, accompagnée d’une formation de cinq jours, largement insuffisante.

Le regroupement en grosses structures est pourtant dénoncé largement par les organisations professionnelles comme par les associations d’usagères. Moins de centres IVG et de maternités, cela signifie des délais et des distances rallongés, avec des conséquences graves sur l’accès effectif au respect des droits reproductifs. Les hôpitaux, maternités et centres IVG de proximité sont nécessaires pour l’exercice de ces droits. De plus, les structures à taille humaine offrent des meilleures conditions pour les usagères comme pour les professionnelles.

Les centres IVG et les maternités sont un champ de bataille pour les droits des femmes : des usagères mais aussi des professionnelles. Alors que la naturalisation des compétences du soin mène à dévaloriser les savoirs professionnels des personnels très majoritairement féminins, la dégradation des conditions de travail due à l’austérité (plans d’économie sur l’hôpital), l’augmentation des cadences dans une logique de productivité conduit à une vraie crise de la profession (grèves longues et nombreuses, démissions, burn-out, suicides…). Et une société qui ne se soucie pas de son système de soins se met en danger à très court terme.

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