Le film Pin Cushion, réalisé par la Britannique Deborah Haywood, raconte la période difficile de l’adolescence, vécu par une jeune fille qui a une relation fusionnelle avec sa mère. Au-delà de la thématique du harcèlement scolaire, ce long-métrage de fiction, projeté au FIFF, interroge sur le désir de plaire, la peur, l’affirmation et la quête d’un MOI.

« Pin cushion », le titre du premier long-métrage de fiction de la réalisatrice britannique Deborah Haywood, signifie « pique-épingles ». Une métaphore du harcèlement subi par le personnage principal du film, Iona. L’adolescente arrive dans une nouvelle ville, et découvre l’univers impitoyable du lycée, qui divise les élèves en deux catégories : « les souffre-douleur » et « celleux qui font souffrir ».
Désir d’imitation, extrêmes, hypersexualisation
En arrivant dans la cour du lycée, Iona est émerveillée par un trio de jeunes filles à la démarche hautaine et en manteaux de fourrure, qui apparaissent comme par magie dans un nuage de nicotine. « Aujourd’hui je vais rencontrer mes nouveaux amis », avait-elle dit le matin à sa mère avant de partir. Un optimisme encore enfantin, pour rassurer celle qui était jusque-là sa meilleure amie.

Par désir de plaire, quête de soi, Iona ne fait pas forcément les bons choix. C’est la découverte d’un univers nouveau : l’alcool, les garçons, la masturbation, le maquillage… « Cela donne une mauvaise impression aux garçons », désapprouve sa mère. Mais Iona ne l’écoute plus. Le lien fort qui les unissait est rompu. Elles se mentent, s’inventent des vies pour rassurer l’une et l’autre, mais aussi par fierté, pour ne pas décevoir l’autre, lui faire honte.
Le film oscille entre les vies rêvées de la mère et la fille, avec un univers onirique féérique dans lequel se réfugie Iona. « Dans les contes de fées il y a toujours des choses horribles qui arrivent, ils sont cruels », souligne la réalisatrice, pour qui ce film est en partie autobiographique. « J’étais harcelée à l’école, je venais d’un milieu populaire, j’ai quitté l’école à 15 ans. Deux ans après j’ai eu ma fille. Je me suis rendue compte ensuite, que, même adulte on pouvait subir du harcèlement, c’est pour cela que dans mon film cela ne s’arrête pas à l’école », raconte Deborah Haywood.

L’affirmation de soi n’est pas évidente lorsqu’on est rangée dans une catégorie. Pour les adolescentes, il y a celle « des prudes, des vierges » et celle « des filles faciles ». L’image qu’on renvoie aux autres est aussi celle de son physique, comme le subit la mère d’Iona, rejetée par tou-te-s et enfermée dans une solitude qui la détruit. Peut-on échapper à l’identité que les autres vous imposent ? Comment se libérer ? Le film apporte surtout des questions, et un goût amère d’injustice.
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