Le 16 juin 2018, des centaines de personnes ont défilé dans les rues de Genève à l’occasion de la Slutwalk, une marche féministe, festive et militante organisé chaque année depuis 2012 par Slutwalk Suisse.
L’objectif de l’évènement est de lutter contre la culture du viol, la culpabilisation des victimes et contre les violences sexistes et sexuelles à l’encontre des femmes et des personnes marginalisées en fonction de leur identité/expression de genre et de leur orientation sexuelle et personnes intersexes (MOGAI, Marginalized Orientations, Gender identities and Intersex).
Les Slutwalks : un mouvement international
C’est la sixième édition suisse de ce mouvement international qui est né au Canada en 2011. En janvier cette année-là, Michael Sanguinetti, un agent de police en mission de prévention sur le campus de l’université de York à Toronto a déclaré que les femmes devraient éviter de s’habiller comme des salopes – ‘‘avoid dressing like sluts’’ – si elles souhaitent limiter les agressions sexuelles.
Sonya Barnett and Heather Jarvis, des militantes féministes décident de réagir à ces propos qu’elles perçoivent comme symptomatiques de la culture du viol et du victime blaming en lançant la SlutWalk à Toronto via un appel en ligne. Plus d’un millier de personnes ont rejoint la marche, portant des messages tel que ‘‘My dress is not a yes’’ ou ‘‘Don’t tell us how to dress. Tell men not to rape”. Certain-e-x ont choisi de défiler en lingerie, ‘‘Slut pride’’peint sur leur corps.

Ce mouvement s’est vite exporté à l’international dès 2012 des marches ont été organisées dans les grandes villes d’Amérique et d’Europe. Chaque Slutwalk est un mouvement autonome et décentralisé.
La Slutwalk Suisse 2018
La Suisse a accueilli la première marche en 2012 à l’initiative d’un groupe de militant-e-x qui s’est ensuite constitué en association. L’édition 2018 s’est déroulé en plusieurs parties, la manifestation a traversé les grandes rues fréquentées de Genève (Rives, Bel-Air, Cornavin). Un carré de tête sans hommes cis-genre ouvrait la marche, le reste du cortège se déroulait en mixité.
Dans une perspective intersectionelle, l’association désire mettre en lumière les multiples oppressions, de classe, de race, d’orientation sexuelles et de genre que certaine.x.s personnes subissent. C’est pourquoi une prise de parole à été faite sur l’appel au boycott lancé par BDS Suisse sur la venue d’une artiste Israélienne à la Pride de Zurich. A l’arrivée de la marche, un espace de témoignages libre et solidaire a offert à toute personne qui le souhaiterait la possibilité de venir témoigner de son vécu en tant que victime.x/survivant.e.x de violence sexiste ou sexuelle, de discrimination de genre ou d’orientation sexuelle, dans une démarche de résilience, avec l’assurance d’une écoute active et bienveillante pour sortir du silence.
La journée s’est terminé par une soirée de soutien à la Slutwalk en mixité choisie, gouines, lesbiennes, bi.e.x.s, femmes, pansexuel.le.x.s, personnes trans, personnes non-binaires, queer, sans homme cis.
Un Mouvement discuté
La Slutwalk Suisse est une des rares Slutwalk encore organisée en Europe (les autres se déroulant au Portugal et en Hongrie).
Le mouvement international a été salué à ses débuts, représentant le futur du féminisme, démontrant la capacité d’organisation des femmes du web à la rue, revitalisant les manifestations féministes publiques qui attirent l’attention des médias et visibilisent la lutte contre le slut-shaming.
Le mouvement a cependant été critiqué pour valoriser et encourager la valorisation d’un stéréotype du corps féminin, stéréotype créé par les hommes et utilisé dans une exploitation du corps des femmes. Alors que le mouvement des Slutwalks veut proclamer une sexualité librement choisie des femmes, certains pointent la contradiction d’utilisation d’images hétéro-normatives. Mais ces critiques ne prennent pas en compte le fait que les communautés LBGTQI ont été très impliquées dans l’organisation des marches, rassemblées dans la lutte contre la culture du viol.
A Genève, l’équipe organisant la marche 2018 a misé sur l’inclusion et a mis en place un protocole photo pour demander aux médias et aux passants de demander le consentement des manifestant.e.x, pour conscientiser les médias mais aussi les manisfestant.e.x que quel que soit la façon dont iell.e.x sont habillé.e.x, leurs corps leurs appartient et qu’iell.e.x ont toujours le choix de dire non à une sollicitation.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur la plage facebook de Slutwalk Suisse : https://www.facebook.com/slutwalksuisse/
Sources : Dow, B. J., & Wood, J. T. (2014). Repeating History and Learning From It: What Can SlutWalks Teach Us About Feminism?. Women's Studies in Communication, 37(1), 22-43. Heather Jarvis and Sonya JF Barnett: Power Walkers Slutwalk Porto SlutWalk Budapest