Trouver des livres pour enfants et jeunes ados qui ne débordent pas de clichés et de sexisme, relève parfois du défi. Les Ourses à plumes vous proposent une cinquième sélection d’une quarantaine d’ouvrages parus en 2022, avec une touche d’inclusivité.

-POUR LES PLUS JEUNES
Coco

Le pitch : Elle s’appelle Coco. Quelquefois, elle est calme. Mais pas tout le temps. Elle aime la couleur rose. Mais pas seulement. Elle se sent parfois contente, et parfois en colère. Nos personnalités, nos goûts, nos humeurs : nous changeons ! Ne cherchons plus à nous faire entrer dans des cases, surtout si elles sont stéréotypées.
Ce qu’on en pense : Un livre qui détruit bien les idées reçues sur les petites filles sages, Coco ne s’interdit rien et c’est très inspirant !
Coco, Estelle Billon-Spagnol, Talents Hauts. A partir de quelques mois (ouvrage cartonné, bouts ronds). Prix : 11,90€.
Le paradis dans mes cheveux

Le pitch : Tima était une petite fille aux belles boucles espiègles. Elle n’aimait cependant ni les coiffer ni les laver. « Si tu ne te laves pas les cheveux, ils attireront toutes sortes de petites bêtes », l’avait prévenue sa maman. Plutôt que de l’effrayer, cette idée enchanta Tima ! Elle décida alors d’accueillir dans ses boucles emmêlées des brins d’herbe, des fleurs, une coccinelle, des papillons, un gecko, des serins… jusqu’au jour où un hôte inattendu chercha à y installer toute sa famille !
Ce qu’on en pense : Une histoire qui fait évidemment penser au livre Comme un million de papillons noirs de Laura Nsafou… Le récit est ici très simple et moins poussé que dans celui de Laura Nsafou, mais on prend quand même plaisir à suivre cette héroïne métisse dans son choix rebelle d’abriter des insectes dans ses cheveux !
Le paradis dans mes cheveux, Skye Robinson et Katty Laguette Labour, Atelier des nomades. A partir de 3 ans. Prix : 15€.
Princesse Grilda veut un crapaud

Le pitch : Princesse Grilda s’ennuie. Un beau matin, elle quitte son château et, près d’une mare, sympathise avec un gentil crapaud. Pas de chance : alors qu’iels se font un bisou, le crapaud se transforme en prince charmant. Grilda ne s’attendait pas du tout à ça. Elle voulait un ami, pas un mari ! Elle retourne à la mare, et tous les crapauds se changent en princes à leur tour… Jusqu’au petit dernier, qui, alors qu’elle l’embrasse, reste crapaud. Ouf, elle a enfin trouvé un ami, et peut remettre tous les princes à l’eau !
Ce qu’on en pense : Un ouvrage clin d’oeil pour détourner les histoires habituelles de contes de fées, non une princesse ne cherche pas forcément un prince, et un ami c’est beaucoup plus précieux !
Princesse Grilda veut un crapaud, Monsieur Dupont, Talents Hauts. A partir de 3 ans. Prix : 13,90€.
Sacha et la colère du Graou

Le pitch : Sacha est un adorable petit tigre qui vit avec ses parents sous le grand tipi du village, au cœur de la jungle. La grande passion de Sacha, celle qui fait boum, blam, zip dans son cœur, c’est la danse, et son rêve, d’entrer à l’académie de musique et de danse. Mais son père, lui, ne jure que par le water-polo dont il est l’entraîneur de l’équipe junior. Entre le père et Sacha, la tension monte jusqu’à ce que Sacha décide de fuguer…
Ce qu’on en pense : L’univers de l’illustratrice Joëlle Passeron est coloré et c’est un vrai plaisir de plonger dans ses dessins, où l’on ressent toutes les émotions de ses personnages. Le livre l’affirme par la maman tigre : « Personne n’aime ceux qui préfèrent écouter leurs rêves plutôt que ceux de leur enfant », lorsqu’elle s’oppose à ce que le père interdise la danse à leur enfant. Ecouter les désirs de l’enfant, ne pas s’enfermer dans des préjugés… de belles valeurs qu’il est utile de côtoyer dès le plus jeune âge.
Sacha et la colère du Graou, Alexandre De Moté et Joëlle Passeron, Glénat jeunesse. A partir de 3 ans. Prix : 12,50€.
On joue à cache-cache

Le pitch : Avant de jouer à cache-cache dans le jardin, on fixe les règles ensemble… pour mieux s’en affranchir. La partie de jeu est alors un prétexte pour découvrir une nature luxuriante, baignée de lumière à différents moments de la journée. Les ami·es se retrouveront pour contempler le coucher du soleil avant de retourner jouer.
Ce qu’on en pense : Un album magique qui plaira aux petit-e-s par ses jeux de cache-cache dans les pages, des personnages non-genrés et un texte minimaliste pour laisser place à l’imagination.
On joue à cache-cache, Léa Viana Ferreira, CotCotCot éditions. A partir de 3 ans. Prix : 18€.
Anatole et son nouvel ami

Le pitch : L’amitié est un précieux trésor. Mais elle peut aussi apporter son lot de désaccords. Suis les péripéties d’Anatole et de son nouvel ami dans cette nouvelle histoire pleine de réconfort.
Ce qu’on en pense : Le nouvel ami d’Anatole se déplace en fauteuil roulant. Cette histoire permet de parler de de handicap sans stigmatiser et sans recourir ni au misérabilisme ni à l’héroïsation. « Est-ce que ça te rend triste de ne plus pouvoir marcher et courir comme avant ? » demande Anatole à son nouvel ami, qui lui répond : « »ça m’arrive… mais je peux encore faire tout ça ! Juste différemment, c’est tout ». Le texte est écrit avec la police d’écriture Accessible DfA : une font spécialement conçue pour limiter les confusions visuelles.
Anatole et son nouvel ami, Marie Marchal et Audrey Janvier, JS éditions. A partir de 3 ans. Prix : 12€.
Vas-y Jabari !

Le pitch : Jabari invente un engin volant qui va planer jusqu’à l’autre bout du jardin. Mais il lui faudra s’armer de courage, de patience et peut-être même accepter un peu d’aide de sa petite sœur…
Ce qu’on en pense : C’est toujours difficile aujourd’hui de trouver des ouvrages jeunesse où le personnage principal est noir, et où l’histoire se passe en Europe, permettant ainsi aux enfants français noirs de s’identifier pleinement aux personnages. Ici plusieurs thématiques classiques du livre jeunesse sont abordées : la patience, la détermination, la créativité, le partage, la relation frère-soeur, la bienveillance d’un parent… Un récit qui parlera beaucoup aux enfants.
Vas-y Jabari !, Gaia Cornwall, D'eux. A partir de 3 ans. Prix : 18€.
Tout noir

Le pitch : En juillet 1977, une panne de courant due à un orage plonge New-York dans le noir. En pleine nuit, un enfant part à la recherche de sa maman. 3 allumettes, 3 instants lumineux, un girafon, un saxophoniste, la pagaille provoquée par cet évènement hors du commun, sont illustrés dans un magnifique leporello ajouré.
Ce qu’on en pense : Le format original en fait un très bel objet, interactif et onirique.
Tout noir, Amandine Piu et Gilles Baum, Amaterra. A partir de 3 ans. Prix : 29,90€.
Les plus beaux

Le pitch : Diego et Alban sont voisins et amoureux. Malgré l’interdiction de leurs parents, ils décident de partir à l’aventure. À bord d’un canoë, ils naviguent le long de la rivière. C’est l’occasion d’apprendre à surmonter les difficultés, ensemble.
Ce qu’on en pense : Une histoire simple et entraînante, mais joyeuse et colorée. L’homosexualité n’est pas un sujet dans ce livre, seulement une des caractéristiques des personnages.
Les plus beaux, , Thomas Quillardet et Amélie-Anne Calmo, On ne compte pas pour du beurre. A partir de 4 ans. Prix : 15€.
La conception de Léo avec la PMA

Le pitch : Léo a deux mamans et les interroge sur comment il est né, puisqu’il n’a pas de papa. Ses deux mères lui racontent alors avec douceur et sans tabou comment elles sont allées chercher des « graines » en Belgique, mais que c’est surtout grâce à leur amour à toutes les deux qu’il est là aujourd’hui.
Ce qu’on en pense : Sylvie Li, autrice de livres bilingues, a décidé d’écrire des livres jeunesse inclusifs avec un héros métis franco-chinois qui a deux mamans pour aider son enfant et tous les enfants des familles homoparentales à s’identifier à des personnages qui leur ressemblent et lutter contre l’homophobie et le racisme. On salue ce nouvel ouvrage qui permet d’apporter un support de qualité aux familles pour évoquer ces questions, avec des illustrations colorées, vivantes, témoignant de la joie autour de ce projet de famille.
La conception de Léo avec la PMA, Sylvie Li et Vy Tran, 38 Lingua (auto-édité). A partir de 4 ans. Prix : 13,50€.
La serre de Louis

Le pitch : Louis a invité ses ami-e-s et leurs animaux de compagnie. Pour leur préparer une bonne soupe, il souhaite ramasser des carottes qui poussent dans sa serre. Mais de quoi s’agit-il ? À partir d’indices, cet ouvrage incite les jeunes à découvrir des fruits et légumes en compagnie d’un héros de son âge. Il identifiera ainsi des patates douces, des navets, des poires, mais aussides choux de Bruxelles, des radis et plein d’autres fruits et légumes qu’il consomme régulièrement.
Ce qu’on en pense : Les livres jeunesse avec des personnages principaux avec un handicap sont très rares, et encore plus lorsque ce n’est pas le sujet du livre mais seulement une des caractéristiques physiques de celui-ci.
La serre de Louis, JaNay Brown-Wood et Samara Hardy, Millepages. A partir de 4 ans. Prix : 14,90€.
Le Zoo d’Amadou

Le pitch : Le jour tant attendu de la sortie scolaire au zoo est arrivé ! Amadou s’émerveille et ne tient pas en place ; ses pieds ont la bougeotte, son imagination aussi ! Le voilà devant les flamants roses, en équilibre sur une jambe, puis rugissant fièrement avec les lions ou chargeant avec une harde d’éléphants. La maîtresse le rappelle à l’ordre pour qu’il se tienne sage et écoute les explications. Impossible pour Amadou, il y a tant à faire, à voir et à découvrir !
Ce qu’on en pense : Amadou a l’air d’être un enfant à part, qui voit et perçoit les choses autrement, réagit vite, ne tient pas en place. Peut-être hyperactif ? Le livre laisse place à la poésie de l’instant présent et c’est Amadou qui nous plonge dans son univers…
Le Zoo d'Amadou, Rebecca Walsh, Les Editions des éléphants. A partir de 5 ans. Prix : 14€.
La case 144

Le pitch : Lorsque la mère de Lia lui offrit une boîte de craies toutes neuves, elle entreprit de dessiner un long jeu de marelle qui serpentait sur les trottoirs. Pour ne plus s’égarer. Ses premières cases à peine achevées, elle projeta de faire le tour de la ville au complet. Mais qui est cet homme qui bloque son projet? Un regard sur nous et les autres, tendre et réaliste.
Ce qu’on en pense : Un beau message de partage et de solidarité, esquissé de manière poétique.
La case 144, Nadine Poirier et Geneviève Després, D'eux. A partir de 5 ans. Prix : 16€.
Je m’appelle Julie

Le pitch : Demain, c’est une rentrée très spéciale pour Julie, car c’est la première avec son nouveau prénom… On a cru que Julie était un garçon. Bien sûr que non ! Mais demain, c’est encore loin. Et aujourd’hui, Julie a une mission. Profitant de sa dernière journée de vacances dans son jardin, Julie va revisiter ses déguisements préférés. Accompagnée de Flêche d’or, sa dragonne ailée, Julie forge son héroïsme à chacune de ses inventions. Pirate, elle sait naviguer à contre-courant. Sorcière, elle peut se défaire des mauvais sorts. En Reine, Julie est belle et forte, prête à galoper vers l’issue de sa mission : être Julie, libre comme le vent.
Ce qu’on en pense : Les livres pour enfants avec des personnages principaux transgenres sont hyper rares, et cette représentation est très importante. Si Julie s’inquiète de la rentrée, l’histoire s’attarde surtout à la montrer épanouie au milieu de ses jeux et rêves d’enfant.
Je m’appelle Julie, Laurier The Fox et Caroline Fournier, On ne compte pas pour du beurre. A partir de 5 ans. Prix : 14€.
Diane et le ballet

Le pitch : Diane aime danser plus que tout. Chaque mercredi, le cours de danse est l’occasion pour elle de pratiquer sa passion, de travailler les cinq positions de base comme les mouvements plus compliqués, de se plier à la discipline que ce sport implique, de découvrir l’histoire du ballet, les liens entre danse et art, ou les ballets les plus célèbres.
Ce qu’on en pense : Rondelette, Diane ne s’interdit pas de danser et de se rêver ballerine, même si ses camarades de cours sont plutôt fin-e-s. On salue le fait que toustes les élèves ne soient pas des filles et qu’iels aient aussi des élèves racisé-e-s.
Diane et le ballet, Luciano Lozano, Des éléphants. A partir de 6 ans. Prix : 15€.
Brune-Feuille Le prince se marie et autres contes inclusifs

Le pitch : Il était une fois un prince qui tombait amoureux d’un autre prince, un lapin à trois oreilles et une princesse qui ne voulait pas se marier… Dans ce recueil pas comme les autres, redécouvrez dix-sept contes traditionnels dans une version moderne et inclusive. L’ambition ? Montrer la diversité du monde pour que tous les enfants s’y reconnaissent, et que chacun y trouve sa place. Publié pour la première fois en Hongrie en 2020, cet ouvrage est devenu un symbole de la lutte pour l’égalité et la tolérance.
Ce qu’on en pense : Ses belles histoires sont bien contées et captivantes. On aime les messages qui les accompagnent, comme « Tout un chacun mérite de vivre en accord avec soi-même » pour un conte sur un animal qui s’identifie mâle alors qu’on l’a considéré comme une femelle depuis la naissance. « Vous aussi, vous êtes singulier », conclue un autre conte, mettant en valeur que si nos différences peuvent nous exclure et être discriminantes, elles peuvent aussi devenir des richesses et des atouts.
Brune-Feuille Le prince se marie et autres contes inclusifs, Lilla Bölecz (ill.), Talents Hauts. A partir de 6 ans. Prix : 22€.
Il faut sauver Mamie La Gratte !

Le pitch : Camille et sa corneille Suzy habitent une énorme ville au bord de la mer. Dans cette ville, il y a plein de boutiques (et même d’horribles magasins de légumes), mais zéro marchand de bonbons et pas trop d’arbres non plus… Par chance, comme c’est au bord de la mer, il y a la mer. Et, surtout, il y a le magasin de musique de Mamie Fender. Pour celui-ci, Camille et Suzy seraient prêtes à tout (et surtout n’importe quoi), en particulier quand il faut le sauver des griffes du terrible Imo.
Ce qu’on en pense : Une mamie qui tient un magasin de musique, c’est quand même super ! Un univers très chouette.
Il faut sauver Mamie La Gratte ! , Sanseverino et Jeff Pourquié, Margot. A partir de 6 ans. Prix : 22,90€.
Mon coeur gros

Le pitch : Camille a sept ans et se trouve grosse. Le jour de la photo de classe, elle se compare à ses camarades, et cela lui apparaît encore plus : elle n’est pas normale. Ni aussi mince qu’Alice, ni aussi légère que Morgane. La maîtresse remarque son complexe et, pour l’aider, entame un échange avec la classe : c’est quoi, finalement, être normal-e ? Pourquoi cherchons-nous tous à l’être ?
Ce qu’on en pense : Une histoire sur la grossophobie intériorisée dès l’enfance, où la place des stéréotypes de genre est déjà bien grande et angoissante.
Mon coeur gros, Isabelle Rossignol et Benjamin Strickler, Talents Hauts. A partir de 6 ans. Prix : 7,90€.
Tous pour une

Le pitch : Imany, son truc c’est la break dance. Mais à l’école, le problème, c’est que la cour est trop petite et Alessio et sa bande prennent toute la place pour jouer au foot. Un jour, alors qu’elle traverse la cour, elle interrompt sans le vouloir une partie de foot, ce qui met les garçons dans une colère noire. C’est la goutte d’eau… Imany, élève de CM2 au caractère bien trempé, en a marre et avec ses deux meilleurs copains Nell et Aslan, elle décide de changer les choses. La révolution est en marche ! Elle va confronter les amateurs de foot et leur expliquer qu’elle aussi a besoin d’avoir de la place pour danser à la récréation. Elle propose même à Alessio un battle. À force d’échanges, Imany, Alessio et leurs camarades vont finir par opter pour la solution « chacun-e son tour » afin que toustes puissent profiter de leur cour.
Ce qu’on en pense : Une histoire intéressante et dynamique, avec plusieurs points de vue, sur le partage de la cour de récré.
Tous pour une, Nancy Guilbert et Léonie Koelsch, Kilowatt. A partir de 6 ans. Prix : 8,50€.
Un monde – 24 heures sur la planète Terre

Le pitch : Londres, Royaume-Uni, une minute avant minuit. Une enfant s’interroge. À cette heure précise, que se passe-t-il, à l’autre bout du monde ?
Cet album nous invite à un grand voyage autour de la Terre à travers ses fuseaux horaires : on y rencontre une famille d’ours-e-s polaires au territoire menacé par la fonte de la banquise, des éléphant-e-s qui protègent leur dernier né des prédateurices et braconniers, des kangourous en Australie qui tentent de survivre dans un environnement de plus en plus chaud… Hymne à la beauté et aux merveilleuses créatures de notre planète, ce livre sensibilise à la fragilité de notre environnement menacé par le réchauffement climatique, et à la nécessité de le protéger.
Ce qu’on en pense : Une ode à la beauté de la nature et de ses animaux dans le monde, tout en soulignant les menaces humaines qui risquent de survenir et en appelant à l’action pour sauver notre monde et son écosystème.
Un monde - 24 heures sur la planète Terre, Nicola Davies, Jenni Desmond, Des éléphants. A partir de 6 ans. Prix : 15€.
La boule au coeur

Le pitch : Chaque été, Elina passe l’été à la mer où elle retrouve Robin et Zélia. Mais, l’été dernier, Maxence et cette peste de Betty se sont moqué-e-s de sa mère et de sa taille XXXL et depuis cet incident, les vacances ne riment plus du tout avec plaisir… Elina a une boule au cœur, elle a honte et est en colère, du corps de sa maman et peut-être aussi du sien, qui est en train de se transformer. Heureusement, elle peut compter sur le soutien de ses ami-e-s pour prendre la défense de sa mère…
Ce qu’on en pense : Affronter la grossophobie à l’adolescence n’est pas facile… L’héroïne a honte de sa mère, mais se révolte devant les remarques des autres. Sa plus grande peur : lui ressembler et devoir affronter les mêmes regards malveillants. « J’ai toujours peur de prendre trop de place », confie l’héroïne…. mais finalement elle arrête de supporter sans rien dire.
La boule au coeur, Anne Loyer et Anna Griot, Kilowatt. A partir de 6 ans. Prix : 8,50€.
La bourrasque

Le pitch : Un enfant accompagne son grand-père faucher l’herbe au champ. Au matin, ils s’avancent avec leur charrette, silencieux et attendrissants, vers les promesses de la journée. Rythmée par des chants anciens, la chasse aux criquets et une sieste chaude, la besogne âpre les occupe des heures durant. Mais au soir venu, un vent tourbillonnant menace et, finalement, emporte tout. Seule la présence d’esprit et le courage du garçon empêchent le pire…
Ce qu’on en pense : Un récit inspiré de l’enfance de l’auteur, très imagé. Le quotidien devient une aventure, esquissée de manière poétique.
La bourrasque, Mo Yan et Zhu Chengliang, Hongfei. A partir de 7 ans. Prix : 15,90€.
Il était une autre fois

Le pitch : Dans un décor d’hiver glacé, trois contes bien connus ont été revisités. Il était un royaume, déposé près d’un lac et bordé d’une forêt… Où Sandre n’était pas un garçon mais bien la libre Cendrillon. Où Belle affrontait une Bête qui ne l’était pas et découvrait le consentement. Où un petit garçon recevait pour Noël un étrange Casse-Noisette. Il était temps qu’il soit une autre fois.
Ce qu’on en pense : Des histoires revisitées qui plaisent à la fois aux petit-e-s et aux grand-e-s, avec de chouettes rebondissements. La Bête est une femme qui accueille les femmes fuyant les mariages forcés, Cendrillon est une femme trans et ses soeurs des alliées, Miran est amoureux de son Casse-Noisette…
Il était une autre fois, Célia Housset et Anne-Fleur Multon, On ne compte pas pour du beurre. A partir de 7 ans. Prix : 17€.
Le féminisme

Le pitch : Ne pas laisser les filles jouer au foot, se moquer d’un garçon qui joue à la poupée, se demander pourquoi maman gagne moins d’argent que papa… Les enfants sont confronté-e-s très tôt aux inégalités et aux stéréotypes de genre.Est-ce que les filles et les garçons ont vraiment les mêmes droits ? Comment les garçons peuvent être féministes ? C’est quoi, le consentement ? L’amour, c’est que pour les filles ? Pourquoi le féminisme existe toujours ? Un ouvrage en 16 questions pour mieux comprendre les mots difficiles autour de cette thématique (sexisme, parité, harcèlement…) et lutter contre les inégalités filles-garçons.
Ce qu’on en pense : Hormis deux passages un peu trop optimistes à notre goût (l’un signalant le rôle de la ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et l’autre sur la répartition des tâches ménagères dans le couple) cet ouvrage est très bien et pourra permettre d’amorcer plein de sujets de discussion sur l’environnement sexistes des enfants et leurs familles.
Le féminisme, Elsa Pereira et Aurore Bay, Milan. A partir de 7 ans. Prix : 8,90€.
Joséphine Baker, Une danseuse libre

Le pitch : 1925. Joséphine débarque en France. C’est le début d’une incroyable aventure. Dans un tourbillon de gaieté et d’énergie, la petite fille des misérables faubourgs de Saint-Louis, Missouri, deviendra une immense vedette mais aussi une femme engagée, prête à se battre pour défendre ses valeurs.
Ce qu’on en pense : Cette biographie de Joséphine Baker est tout aussi passionnante que l’est sa vie. Ce livre est une valeur sûre !
Joséphine Baker, Une danseuse libre, Charlotte Molas et Sylvie Misslin, Amaterra. A partir de 7 ans. Prix : 17,90€.
Heidi contre les zombies

Le pitch : Une farce tourne mal, et voilà qu’Heidi et ses ami-e-s se retrouvent avec une horde de zombies aux trousses. Pour les combattre, iels auront besoin de toutes les ressources de leur imagination et de leur amitié, mais aussi de meules de fromage et d’une fiole de potion magique… Katie Hayoz revisite Heidi, le classique de Johanna Spyri, à la sauce morts-vivants. Suspense, humour, morceaux de cadavres et crottes de chèvre, tous les éléments sont réunis pour créer une expérience de lecture captivante. 20 illustrations en couleur accompagnent le texte et vous plongent dans cet univers décalé.
Ce qu’on en pense : Cette histoire dévie totalement de l’originale, pour notre plus grand plaisir ! Cette bataille enragée contre les zombies est un vrai régal et très bien imagé.
Heidi contre les zombies, Katie Hayoz et Maya Mrak, Helvetiq. A partir de 9 ans. Prix : 14,90€.
Ma mère la guerrière

Le pitch : Dans la ville où vit Timéo sévit une mystérieuse justicière, qui tague tous les lieux où s’affiche le sexisme : certaines entreprises, certaines publicités… au point que la police, et notamment l’oncle de Timéo, s’intéresse à l’affaire. Voilà qui terrifie Timéo ! Car le garçon en est sûr : la coupable, c’est sa mère ! Elle est très concernée par la cause féministe et est d’une nature tête brûlée… Comment lui éviter d’avoir des problèmes avec la police ?
Ce qu’on en pense : « Être en colère et se battre, c’est une énergie nécessaire pour changer le monde » affirme la mère de Timéo. Cette féministe déterminée n’a pas sa langue dans sa poche et dénonce toute forme de sexisme dans son quotidien. Les personnages de cette histoire sont attachants et on se laisse vite entraîner dans l’histoire.
Ma mère la guerrière, Claire Clément et Léa Hybre, Milan. A partir de 9 ans. Prix : 11,50€.
Awa – Les nuances de l’amour

Le pitch : Ah l’amour… Dans ce nouvel épisode, Awa s’interroge sur toutes les nuances de ce sentiment étrange et mystérieux. Et elle a beaucoup de questions ! Pourquoi ses tantes Keshia et Mounia n’ont pas d’enfants ? Est-ce que sa sœur Maïa a un amoureux ? Et surtout, l’incontournable : COMMENT ON FAIT LES BÉBÉS ?
Ce qu’on en pense : Tout comme le tome 1 des aventures d’Awa, on retrouve avec plaisir ces courtes planches pleines d’impertinence. Awa n’a toujours pas sa langue dans sa poche, elle a gardé son sens de la répartie malicieuse et questionne les adultes sur les relations amoureuses. Elle affirme à son père que les grands-parents peuvent se « créer une nouvelle vie à n’importe quel âge », embête avec ténacité sa sœur pour savoir si elle a un amoureux (ou une amoureuse) et ses parents pour savoir comment on fait des bébés. Elle est aussi contente de l’amour reçu par ses tantes, un couple de lesbiennes.
Awa - Les nuances de l'amour, Zélia Abadie et Gwenaëlle Doumont, Talents Hauts. A partir de 9 ans. Prix : 11,90€.
Antigone peut-être

Le pitch : Un témoignage fort et poétique sur l’enfance sacrifiée, en proie à une violence qui n’épargne personne, et surtout pas les filles, éternelles prisonnières des barbelés que leur tisse le monde, auxquelles elle donne ici une voix multiple. En illustrant son texte d’aquarelles évanescentes aux ambiances surréalistes, l’autrice insiste sur la faiblesse des enfants face à la lâcheté d’adultes qui laissent faire.
Ce qu’on en pense : Un récit elliptique et poétique. A la mélopée des victimes s’ajoute des dessins pâles et justes qui illustrent leurs souffrances et silences.
Antigone peut-être, Martine Delerm, Cipango. A partir de 9 ans. Prix : 19€.
Mon cœur à la dérive

Le pitch : Pour la première fois depuis le divorce de ses parents, Pénélope part en vacances avec sa mère, son nouveau compagnon et son fils, Ulysse. Ces deux semaines s’annoncent compliquées pour la jeune fille qui se trouve trop grosse, a horreur de la plage et de se mettre en maillot de bain. Mais quand Pénélope trouve, dans une bouteille en verre, le message d’un jeune garçon en vacances non loin de là, elle reprend espoir.
Ce qu’on en pense : Cette adolescente mal dans sa peau trouve du réconfort dans la nourriture. Renfermée sur elle-même, elle a du mal à s’ouvrir aux autres. Une ado comme les autres et qui a parfois un sale caractère ! Le livre se lit très vite.
Mon cœur à la dérive, Agnès de Lestrade et Mary Gribouille, Talents Hauts. A partir de 9 ans. Prix : 10,90€.
La véritable histoire de Blanche-Neige qui n’a pas croqué la pomme

Le pitch : Vous croyez tout connaître sur l’histoire de Blanche-Neige, la belle-mère, la pomme empoisonnée, le baiser du prince charmant. Seriez-vous assez bête pour croquer la pomme tendue par une sorcière ? Non ! Alors pourquoi Blanche-Neige serait-elle plus naïve que vous ? Et pourquoi faudrait-il qu’elle attende qu’un type passe sur son cheval au milieu d’une forêt où il n’a rien à faire ? Et puis ce prince qui embrasse une fille endormie sans lui demander son avis, ça vous paraît normal ?
Ce qu’on en pense : Un roman punchy qui revisite l’histoire de Blanche-Neige de manière militante avec humour. Blanche-Neige ne s’occupe ni du ménage, ni des repas, ce sont les nains qui font tout. Elle passe son temps à préparer des projets d’entreprises, pour notamment lutter contre l’exploitation des nains, en montant un syndicat et en optant pour l’auto-gestion collective. La reine, essaie à maintes reprises d’empoisonner sa belle-fille, en lui apportant des mets qu’elle rejette au nom du bien-être animal : « ce sont des êtres vivants, doués d’une conscience. Ils pensent, ils souffrent, ils aiment, ils ont des sentiments. » Loin d’être une proie naïve, Blanche-Neige démasque la reine et réussit à la faire changer, lui donner goût à la vie en la faisant se sentir utile. La morale du conte ici : l’esprit d’entreprise et la solidarité passent avant la beauté et le mariage, un beau clin d’oeil féministe. D’autant plus que le prince ne la sauve pas…
La véritable histoire de Blanche-Neige qui n’a pas croqué la pomme, Côme D'Onnio, Amaterra. A partir de 10 ans. Prix : 12,90€.
-POUR LES ADOS
Riposte

Le pitch : Harcelée au lycée à cause de son poids, Lily sombre chaque jour davantage. Lorsque son père l’inscrit à un cours de boxe, elle pense juste apprendre à rendre les coups. Mais c’est pour elle le début d’une éblouissante reconquête.
Ce qu’on en pense : Le style d’écriture, un brin poétique, surprend au début. Le rythme nous entraîne rapidement, on suit Lily à chaque coup qu’elle prend, puis rend. On s’attache vite à elle. Le récit reste assez réaliste, car les adultes sont souvent impuissant-e-s face au harcèlement vécu par un enfant. La relation avec sa mère est très intéressante, et permet aussi de parler de grossophobie à tout âge. « Ma mère ne quitte jamais la maison. elle m’a tout enseigné de sa honte et m’a laissée seule avec la mienne », confie avec rancœur l’héroïne, tandis que sa mère culpabilise de ne pas être un modèle de force pour sa fille. Lily s’isole pour se protéger, fait tout pour être invisible, sans succès. La haine des autres se transforme en haine de soi. Lily finit par comprendre qu’elle a le droit d’exister comme elle est, le droit d’être vue, le droit d’être aimée. La boxe l’aide à se trouver, se focaliser sur d’autres objectifs, trouver de véritables amies. Mais cela va un peu plus loin. « est-ce que moi je peux devenir le genre de fille qui sait qu’elle a le droit de gagner ? » s’interroge-t-elle au début. Bien sûr ! On a vraiment adoré cette pépite de roman, sur un double sujet souvent mal traité.
Riposte, Louisa Reid (traduit par Clémentine Beauvais), Bayard. A partir de 12 ans. Prix : 14,90€.
Mon dico d’ado

Le pitch : Tu as entre les mains le livre qu’on aurait adoré avoir quand on avait ton âge : un livre pratique qui explique les choses de la vraie vie sans tabou, à tout le monde et surtout aux adolescent·es. On te donne les clés pour que tu puisses faire tes propres choix et suivre ton propre chemin. On y parle de sexualité, de corps et de santé, de société, de relations, d’identité, d’émotions et de comment grandir. Pour chaque mot, tu trouveras des définitions, des explications, des conseils et des réponses à certaines questions, et parfois des témoignages d’adolescent·es ou d’adultes qui l’ont été. Il y a aussi des portraits de personnes que l’on admire, pour que tu puisses t’en inspirer, toi aussi.
Ce qu’on en pense : Une version du Dico d’ado très inclusive (l’écriture inclusive est d’ailleurs utilisée), sans sexisme, et très utile. Un coup de cœur notamment pour les pages concernant les mots « consentement », « contraception », « genre », « grossophobie », « neurodiversité » ou encore « racisme ». Un ouvrage qu’on a envie d’offrir à toustes les ados de notre entourage !
Mon dico d'ado, Brio ados, Hachette pratique (collection Les Insolentes). A partir de 13 ans. Prix : 24,95€.
Une année pour toujours

Le pitch : Malou a 14 ans. Afin de ne pas oublier cette période de sa vie, elle décide de créer une « capsule temporelle ». Tout au long de l’année, elle note ses sentiments, ses colères et ses joies, le récit de ses premières amours et de sa prise de conscience féministe, des listes de choses à faire et ses rêves dans une sorte de journal intime. À la fin de l’été, la jeune fille enterre, pour les quinze prochaines années, sa capsule où se côtoient le récit de sa dernière année au collège, ses livres préférés, un poème de Sylvia Plath, les photos de ses amies… tout ce qui aura été elle, cette année-là.
Ce qu’on en pense : Livre qui se lit très facilement, l’écriture est en vers libres, les pages bien aérées. Le quotidien d’une ado attachante, qui est bisexuelle et qui souhaite s’engager dans le combat féministe et écologique, ce qui ne l’empêche pas d’être heurtée par des remarques sur son corps et les injonctions aux normes. On aime sa détermination militante et son affirmation à dire que si des choses ont changées, cela reste encore très insuffisant
Une année pour toujours, Lucile de Pesloüan, Talents Hauts. A partir de 13 ans. Prix : 8,90€.
Nos jours brûlés (tome 2)

Le pitch : Quand Elikia rouvre les yeux, comprend qu’elle est vivante et qu’il fait toujours désespérément noir, la colère la submerge. Cependant, son sacrifice pour ramener le Jour n’a pas été tout à fait vain : Diarra, la deum capable d’inverser le cours des mondes, est de retour. La quête du soleil prend avec elle une ampleur inédite. Pour se montrer à la hauteur du combat qui s’annonce, Elikia devra explorer l’étendue de ses nouveaux pouvoirs… car le dragon en elle n’attend qu’une chose : sortir.
Ce qu’on en pense : C’est un plaisir de retrouver Elikia pour une nouvelle série d’aventures qui plaira aussi aux adultes bien sûr ! L’apparition de nouveaux personnages lui permet de se faire une nouvelle amie, et de faire ainsi l’expérience de la sororité. Elikia grandit énormément aussi en maturité et la super héroïne qu’elle est en devenir, prend de plus en plus en forme, tout en restant profondément humaine. Un chef d’œuvre encore, et toujours aussi frustré-e-s de ne pas pouvoir lire le 3e tome tout de suite !
Nos jours brûlés (tome 2) - Les flammes ivoires, Laura Nsafou, Albin Michel. A partir de 13 ans. Prix : 17,90€.
Nos corps jugés

Le pitch : 1978. Myriam, 17 ans, est victime d’un viol. Traumatisée, craignant d’être enceinte, elle ne trouve de soutien ni dans sa famille, qui a peur du qu’en-dira-t-on, ni auprès de son amie Lili, enfermée dans une morale rétrograde. L’exemple d’une élève de sa classe, militante au Mouvement de Libération des Femmes et le retentissement du procès d’Aix, qualifié de « procès du viol » par Gisèle Halimi, va l’aider à porter plainte, aller en justice et faire entendre sa voix.
Ce qu’on en pense : Un récit juste, poignant, qui nous tient en haleine. La souffrance de Myriam et l’incompréhension de son entourage prend aux tripes. Son sentiment de culpabilité, si récurrent chez les victimes, nous rend solidaire. « Elle s’est crue coupable pendant si longtemps. Au point d’être incapable de travailler et de dormir. Chaque soir, jusque tard dans la nuit, les remords lui rongeaient l’esprit. Pourquoi avait-elle accepté de se rendre chez Frank ? Elle aurait dû se douter de ce qui arriverait. Alors qu’elle n’était pas prête, elle le savait. Elle s’était précipitée dans le piège tête baissée. » La prise de conscience féministe de Myriam est salvatrice : ‘Elle s’est imaginé qu’ils s’en prenaient à elle par sa faute. En réalité, elle n’a jamais été qu’une cible parmi toutes les autres. Parce qu’elle est une femme. »
Nos corps jugés, Catherine Cuenca, Talents Hauts. A partir de 13 ans. Prix : 16€.
Amour(s)

Le pitch : Imane, Thélio, Lise ou Marco, Cléo, Fatia, Jo ou Safia, Rebecca, Nine ou Joshua… Iels oscillent, doutent, s’interrogent mais aiment, puissamment, profondément, passionnément. Ce recueil rassemble treize récits intimes touchant au sentiment amoureux, au désir, à l’acceptation de soi, au regard des autres… Des histoires d’amours plurielles, vécues comme autant de nuances de joie, d’angoisse, de doute, d’espoir ou de regret. Dénuées de toute étiquette, elles dessinent en creux des êtres qui décident de s’affirmer, de s’affranchir des préjugés familiaux ou de représentations normées par notre société, pour vivre ce sentiment puissant et unique qu’est l’amour.
Ce qu’on en pense : Des récits puissants, aux histoires et identités multiples : bisexualité, polyamour, asexualité, transition… Quêtes d’identités, affirmations de soi, interrogations, confidences… face à un monde parfois intolérant et aux injonctions de la société et de l’entourage. « Aimer Alba, ça signifiait s’affranchir des autres, des jugements, des regards […]. Mais dans un monde où aimer est si normé, il lui semble difficile d’être comprise », confie l’une des narratrices.
Amour(s), Tess Alexandre, Camille Deschiens, Des éléphants. A partir de 13 ans. Prix : 13€.
La prophétie des sœurs-serpents

Le pitch : Adolescente parisienne et mal dans sa peau, Naïlah se prépare à passer un été ennuyeux chez sa grand-mère en Martinique – un pays dont elle ne connaît rien et ne veut pourtant rien savoir. Mais derrière le cliché des plages de sable blanc et des cocotiers, la jeune fille ne tarde pas à découvrir une réalité tragique : celle d’une terre encore meurtrie par les cicatrices du colonialisme. Un vieux secret de famille va alors la mener sur les traces de la magie ancestrale et de l’histoire de l’île au XVIIe siècle. À cette époque vivent Nònoum, jeune chamane kalinago confrontée à la violence des colons ; Funmilayo, prêtresse yoruba déportée sur l’île comme esclave ; et Rozenn, paysanne bretonne arrivée dans la colonie comme engagée après avoir été accusée de sorcellerie. Réunies par une prophétie millénaire et une quête désespérée, les quatre jeunes femmes éprises de liberté découvriront la puissance de la sororité face à l’oppression et tenteront, à leurs risques et périls, de changer le cours de l’histoire…
Ce qu’on en pense : Ces quatre jeunes femmes font preuve d’un courage hors du commun face à leurs destins et au monde patriarcal et raciste qu’elles affrontent. « On est sorcières pour tout et son contraire : trop laide, trop belle, trop pauvre, trop riche, trop indépendante, trop vieille, trop simplette, trop savante… La vérité, c’est qu’on est des femmes, et bien souvent, pour les petits hommes qui dominent le monde, c’est déjà un péché en soi ! », affirme une Bretonne accusée de sorcellerie. Ce roman nous plonge surtout dans le récit de la colonisation et de l’esclavage dans les Antilles, une histoire trop peu racontée aujourd’hui. « Les conséquences de l’esclavage et de la colonisation, elles sont bien actuelles, et les Antillo-Guyannais les expérimentent dans leur chair de façon quotidienne. Après l’abolition, en 1848, il n’y jamais eu de réparation, dans aucune des colonies », dénonce une des militant-e-s d’aujourd’hui. Les personnages font preuve de bravoure, mais aussi de résilience, comme ces esclaves qui échappent le temps d’une nuit à leurs maîtres-ses pour faire la fête : « Nous ne serons jamais des héros. Nous ne fuirons probablement pas, n’égorgerons pas nos maîtres et ne mettrons pas le feu à cette maudite habitation. Nous n’échapperons pas à cette violence inhumaine qui finira par nous broyer tous, aussi sûrement que le jour succède à la nuit. Mais nous danserons. Nous rirons. Nous chanterons. Nous tomberons amoureux. Là où ce monde s’acharne à faire de nous des biens meubles, nous ne cesserons de clamer que nous sommes des êtres humains. » Ce roman, construits en récits croisés, est aussi une vraie pépite littéraire.
La prophétie des sœurs-serpents, Isis Labeau-Caberia, Slalom. A partir de 13 ans. Prix : 16,95€.
Pas chez nous !

Le pitch : Tout oppose les lycéennes Clara et Amélie. Pourtant, elles sont très amies depuis leurs années collège. Mais quand il est question d’installer dans le village un foyer de jeunes migrant-e-s, rien ne va plus. Il faut dire qu’Amélie est la fille du maire de la commune, très hostile à ce projet. Tandis que Clara, dont le rêve est de devenir journaliste, s’enthousiasme à cette idée.
Ce qu’on en pense : Ce roman pour ados ne passerait pas le test de Bechtler… Si les deux personnages principaux sont des adolescentes, il est question dès les premières pages de la relation amoureuse de l’une d’entre elles, dont on découvre rapidement qu’elle est sous l’emprise d’un néonazi violent. Au-delà d’aborder les clivages politiques et de valeur entre ami-e-s, et dans un couple, ce livre montre aussi à quel point il est difficile d’aider une amie dans une relation toxique, même si ce n’est pas le sujet principal. En côtoyant un jeune migrant, Amélie change vite d’avis, et le livre sensibilise ainsi aussi les jeunes lecteurices à avoir de la compassion pour ces jeunes déraciné-e-s de leurs pays, de leurs familles et ayant vécu toutes sorties d’horreurs. A noter cependant que le livre peut parfois avoir une tonalité moralisatrice bien-pensante simpliste, même si tout est fait pour montrer que les choses peuvent souvent être « grises ».
Pas chez nous !, Yaël Hassan, Le Muscadier. A partir de 13 ans. Prix : 13,50€.
Afterlove

Le pitch : Dès le premier regard, Ash et Poppy sont tombées amoureuses malgré leurs différences et leurs milieux familiaux que tout oppose. Pour la soirée du Nouvel An, Ash décide de dormir chez Poppy, sans prévenir ses parents. Inquiet-e-s, iels lui demandent de rentrer immédiatement. Sur le trajet du retour, Ash est déconcentrée par une fille qui l’accoste, elle se fait renverser par une voiture et meurt. La fille qui l’a accostée est une Faucheuse, et en tant que dernière personne à mourir avant le dernier coup de minuit, Ash est devenue une Faucheuse à son tour. Ash a du mal à accepter sa nouvelle condition car cela signifie oublier son premier amour. Or, elle ferait n’importe quoi pour revoir Poppy… morte ou vive…
Ce qu’on pense : Un baiser lesbien sur la couv’ d’un roman ado, c’est déjà un chouette progrès ! Ce roman d’apprentissage dans un univers fantastique et paranormal est une pépite de l’année 2022.
Afterlove, Tanya Byrne, Hachette Romans. A partir de 13 ans. Prix : 18€.
Elys et la fleur de pouvoir

Le pitch : Souffre-douleur de sa caserne, Iro, l’hybride solitaire, survit à cette ambiance malsaine en se faisant le plus petit possible, en dépit de sa carrure d’athlète et de sa peau de crapaud. Son seul réconfort, il le trouve auprès d’un arbre. Ses tentatives pour devenir invisible échouent définitivement lorsqu’il se retrouve garde du corps d’un Maegis un poil excentrique. Et le voilà bientôt sur les routes pour une mission scientifique. Officiellement, le mage botaniste, soutenu par le roi, doit en apprendre plus sur une fleur. Mais traverser tout le royaume et s’engager sur des terres peuplées de monstres et d’ennemis de la couronne pour une simple fleur, c’est un peu gros, n’est-ce pas ? Et si son protégé ne lui avait pas tout révélé ? Si les obstacles s’avéraient un peu plus nombreux qu’escompté ?
Ce qu’on en pense : Ce roman de fantasy épique est un vrai coup de cœur tant les personnes sont attachant-e-s et l’histoire entraînante. On apprend au début de l’histoire qu’Elys est un personnage trans, sans que cela soit réellement un sujet. Dans le royaume, les mariages sont toutefois interdits entre personnes de même sexe, ou de race. Ce qui n’empêche pas les personnages principaux d’aller au-delà de ces interdits dans leurs relations : « Bon, [s’ils ne peuvent pas se marier], alors ils emménageront ensemble, et adopteront une horde de lisornes ? », conclue en souriant l’un d’elleux en observant un couple se formant. On a aussi l’agréable surprise de croiser le chemin d’un enfant non-binaire. Au-delà des identités des personnages et de leurs liens d’amour et d’amitié, ce roman est avant tout une aventure passionnante pleine de rebondissements. Aux valeurs classiques de la solidarité et du courage, s’ajoute aussi celle de la remise en question de ses privilèges et des rapports de domination, des questionnements qui font écho.
Elys et la fleur de pouvoir, Anatole Jolly, JS éditions. Prix : 22€.
A lire aussi, les sélections des années précédentes :
–16 LIVRES LITTÉ JEUNESSE INCLUSIVE
–SÉLECTION DE LIVRES DE LITTÉRATURE JEUNESSE INCLUSIVE (2)
–SÉLECTION DE LIVRES DE LITTÉRATURE JEUNESSE INCLUSIVE parus en 2019-2020 (3)
–SÉLECTION DE LIVRES DE LITTÉRATURE JEUNESSE INCLUSIVE parus en 2021 (4)
Et vous, quels livres conseillez-vous ? Dites-le nous en commentaire de l’article !