Pourquoi je suis devenuE féministe : Les éclairs féministes de ma vie

Lancé en avril 2020, pendant le confinement en France, notre concours « Pourquoi je suis devenuE féministe » a remporté un beau succès, avec 35 participations. Voici l’une d’entre elles.


« On devient une féministe avec sa propre histoire »

Le féminisme est une révélation qui se coule goutte à goutte dans mes expériences de vie. Des rayons de lumière qui traversent ma tête, pour la clarifier.

J’ai toujours été « bizarre ». C’est ce que tout le monde me disait. Pour déchiffrer ma réalité, j’ai observé, cherché, suivi mon intuition et j’ai écrit mon monde…(J’essaie ici de partager quelques moments de ce devenir qui ne s’arrête jamais).

Défende ton corps (1995)
-Ton corps et celui d’une fille. Il faut ressembler davantage à une femme pour plaire aux garçons. Dit Angel Daniel, représentant ceux qui ont de la chance.
Je le connais à peine. Je ne lui ai pas demandé son avis. Comment est-il possible qu’un garçon aussi imparfait que tous les adolescents, ose opiner de cette façon sur mon corps ?
Est-ce qu’il faut que je cesse radicalement d’être moi ? Transformer mon physique, mes formes, mes mouvements, mes goûts, ma sensibilité ? Quelle réalité cruelle et perverse !
J’aime mon corps. Je suis gymnaste, je m’entraîne quatre heures par jour. Mon corps est un canal d’expression, le reflet d’un travail physique et émotionnel. Je suis surprise par ses possibilités. Je le gère quand les nerfs effondrent mes genoux. Je fais 150 abdominaux d’affilée ! Mon corps est merveilleux. Mon corps de fille NE ME DERANGE PAS !

Décider est un droit (2001)
Nous n’avons plus beaucoup de temps. Nous devons trouver une clinique, de l’argent, et préparer un lieu de repos. Tout ça en cachette. Elle a décidé de ne le dire à personne. Ses mains tremblent. Elle pleure. Elle a peur. Elle n’a pas dormi de la nuit à cause des nausées.
-Quelqu’un-e à l’université doit savoir où le faire en sécurité. J’emprunterai à ma sœur et je compléterai avec mes économies. Tu dois te reposer. Tout ira bien, je le dis (plus de mille fois). Je lui caresse les cheveux.
Elle arrive à s’endormir.

Petite monographie sur la maternité (2012)
(la maternité n’est pas pareil pour toutes)
México : Hôpital General La Raza, épidémiologie, Salle 3, section enfants
Chaque jour, après avoir effectué les protocoles d’hygiène : lavage des mains, désinfectants, gants, masque, casquette ; les mères s’occupent de leurs enfants pendant une heure et demi. Il y a quatre visites par jour. La journée de ces femmes se déroule autour de ces enfants hospitalisés. Elles sont organisées. Elles se soutiennent. Je n’ai jamais rencontré les pères de ses enfants.
Gaby
17 ans. Elle a quitté l’école, elle n’est pas sûre d’y retourner. Gaby vit avec sa belle-mère Elle ne voit ni sa famille ni ses ami-e-s. Sa fille a un mois. Elle a vécu deux arrêts respiratoires.
Miriam
30 ans. Elle a perdu son emploi. Elle fait quatre heures de trajet par jour. Son fils est né avec une malformation à l’estomac. Deux opérations en trois mois.
Jessica
20 ans. Très dynamique. Elle travaille les week-ends, sa mère la remplace à l’hôpital. Sa fille n’a jamais quitté l’hôpital. Elle a cinq mois.
Elles m’ont expliqué le fonctionnement de l’hôpital et les maladies de leurs enfants, en utilisant parfaitement les termes médicaux. Nous mangeons ensemble, nous attendons ensemble. Nous prenons soin de nos enfants de manière collective.

Vivre avec la peur (2019)
Au Mexique, 9 femmes en moyenne sont tuées chaque jour.
Le féminicide, l’agression sexuelle, l’enlèvement et le harcèlement ne sont pas des mots que nous entendons ; ce sont des situations réelles auxquelles nous sommes confrontées.
Réfléchir à la manière de s’habiller, partager des itinéraires, faire des voyages accompagnées, prévenir notre localisation, s’entraîner à l’autodéfense, porter des objets tranchants, sont des stratégies consolidées chez les femmes pour faire face à la situation.

Amitiés subversives (2020)
A mes amies : La complicité féministe nous a pris par la main. Á partir de ce moment, nous nous sommes unies pour lutter ensemble contre ce système patriarcal qui nous coûte la vie.
Nous transformons la douleur et la peur.
Nous nous défendons.
Nous nous embrassons pour le plaisir d’être ensemble.
Nous créons notre propre jardin où nous pourrions nous épanouir librement.

Paola Flores Miranda

Palmarès du concours
Catégorie « formats originaux »
1 – Caillou dans la chaussure, Anouk
2 – Comme une évidence, d’Ebène
3 – Quelques riens, Csil

Catégorie « textes »
1 – L’histoire d’un cheminement, Susy Garette
2 – Rester en vie, Ju
3 – Paye ton neutre, Feuillue

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