Depuis mai 2022, les nouvelles règles concernant les tenues de bain dans les piscines municipales de Grenoble font couler beaucoup d’encre. Alors qu’à aucun moment le burkini n’est cité dans leur règlement.

Le 16 mai 2022, le Conseil municipal de Grenoble a délibéré sur un nouveau règlement intérieur dans les piscines de la ville. L’article 10 de ce dernier indique que « les tenues de bain doivent être faites d’un tissu spécifiquement conçu pour la baignade, ajustées près du corps ». Il autorise ainsi le port du burkini.
Le 25 mai, cette disposition est suspendue par le tribunal administratif grenoblois. Le préfet de l’Isère avait déposé un “référé laïcité” visant strictement l’art.10 et le juge des référés a estimé, quant à lui, que la décision du conseil municipal « portait gravement atteinte au principe de neutralité du service public ».
La laïcité se définit (selon Le Comité interministériel de la laïcité) par :
- la même liberté d’expression pour les croyant-e-s et les non croyant-e-s ;
- le fait que l’État ne reconnaît aucun culte ;
- la possibilité d’exprimer ses opinions, dans la limite du respect de l’ordre public ;
- la neutralité de l’État, donc des services publics, et non de ses usager-ère-s.
On constate donc que l’argument du juge n’est pas recevable.
Étrangement, la baignade seins nus, autorisée par le même règlement, et dans les mêmes piscines municipales grenobloises, ne fait aucun débat. Cette décision est même entrée en vigueur le 1er juin 2022.
Cela pose sérieusement la question de la politisation du corps des femmes : une société mâle, blanche et bourgeoise décide quand et comment nos corps doivent être montrés… ou pas. Cette société continue à penser le corps des femmes selon ses critères, et à lui imposer une manière d’être selon son regard. Peut-on décemment l’accepter ? Car le burkini offre aux femmes qui le portent la liberté de pratiquer un sport aquatique et de se rafraîchir, dans le respect de leurs choix.
La Ville de Grenoble a déposé un recours devant le Conseil d’Etat. La décision finale sera rendue le 14 juin 2022.
En attendant, des rassemblements sont organisés pour protester contre cette suspension, lundi 13 juin 2022 :
-à Grenoble, Place de Verdun, à 19h.
-à Paris, Place Châtelet, à 18h.