A l’occasion du 25 novembre, l’association Femmes pour le dire, femmes pour agir lance un site Internet pour compléter son offre d’écoute à destination des femmes en situation de handicap victimes de violences.

A l’occasion des initiatives autour du 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes, faisons le point sur quelques initiatives… Les deux périodes de confinement ont mis en évidence l’augmentation des signalements et plaintes concernant les violences faites aux femmes dans le cadre du foyer. Certaines ont pu trouver des solutions mais la violence persiste pour d’autres.
En réponse à ces signalements, des plateformes d’écoute et d’autres dispositifs sont mis en place par des associations en France. Cependant ces dispositifs se concentrent sur des problématiques qui concernent les femmes valides. Les femmes en situation de handicap sont laissées de côté par des outils qui ne sont pas adaptés à leurs conditions. Ne pas prendre en compte leurs besoins contribue à l’exclusion de ces femmes.
Les femmes en situation de handicap davantage victimes de violences
Pourtant, elles sont plus nombreuses à souffrir de violences sexuelles, verbales et physiques. Différentes études permettent une évaluation de leur situation. La dernière en date est celle du 22 juillet 2020 rendue publique par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques qui constate que les femmes en situation de handicap sont les plus touchées par ces violences : 9,0% des femmes en situation de handicap disent avoir été victimes de violences physiques et/ou sexuelles au sein de leur ménage ou en dehors, contre 5,8% des femmes valides. En particulier, elles sont plus de deux fois plus nombreuses à avoir subi des violences sexuelles (4,0% contre 1,7%).
Ces chiffres sous-estiment une réalité plus douloureuse. L’association Femmes pour le dire, femmes pour agir (FDFA) relève que 70,58% des femmes en situation de handicap répondaient “Oui” à la question: Avez-vous déjà subi ou subissez-vous des violences ? Quant aux femmes dites valides, 36% répondaient par l’affirmative.
Une plateforme web d’écoute
Des initiatives émergent pour apporter des solutions, FDFA a mis en place depuis plusieurs années un numéro d’écoute (01 40 47 06 06), cette ligne Ecoute violences femmes handicapées est gratuite. Elle a pour but non seulement d’apporter une aide mais aussi de permettre un accompagnement de ces femmes à travers des permanences (juridiques, sociales ainsi que psychologiques) adaptées à leurs besoins spécifiques. Ce numéro destiné aux femmes en situation de handicap sujettes à des violences a été complété depuis ce 25 novembre 2020 d’un site web : https://ecoute-violences-femmes-handicapees.fr
Plus qu’un lieu d’écoute, ce site constitue une vitrine de ressources concernant la question des violences faites aux femmes en situation de handicap. Son utilisation est rendue accessible à toutes et crée un lien entre professionnel-le-s et victimes.
D’autres moyens d’être écoutéE
Nous profitons de cette journée tristement nécessaire pour vous rappeler que des dispositifs existent pour les personnes victimes de violences au sein de leur foyer.
Le numéro 3919 dont le fonctionnement est géré par la Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF) et soutenu par le Secrétariat d’État chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes, est accessible du lundi au dimanche de 9h à 22h en semaine et jusqu’à 19h les week-ends et jours fériés.
Le gouvernement a prévu d’ouvrir ce numéro à la concurrence ce qui met en danger la qualité du service, au profit d’un meilleur rendement économique, le temps d’écoute pourrait être réduit. En conséquence, la gestion des appels et l’accompagnement des victimes seraient détériorés. Une tribune publiée le 16 novembre 2020 dans le Monde et signée par de nombreuses personnalités et collectifs, avance la nécessité de l’exclusivité du marché à la FNSF. Une demande de subvention est également adressée au gouvernement pour étendre la plage horaire de la ligne d’écoute pour l’année 2021.
Les numéros d’écoute ne sont cependant pas des lignes d’urgence. En cas de danger immédiat, appelez les pompiers au 18 ou le Samu au 15 ou écrivez par SMS au 114 (pour les personnes sourdes, muettes ou malentendantes). Ces numéros d’urgence sont disponibles 7j/7 et 24h/24.
Expérimentation d’une plateforme de sauvegarde de données
Enfin, la perte des preuves et des documents personnels est un problème lors de démarches pour une réparation ou bien simplement pour garder une trace de ce qui arrive. La Fédération nationale d’aide aux victimes, qui accompagne toute victime d’infraction en France expérimente depuis quelques jours le site Mémo de Vie. Ce dernier permet pour les victimes de sécuriser leurs données personnelles, de contacter des expert-e-s ou encore des associations d’aide à proximité. Ce projet a été élaboré par des professionnel-le-s et des victimes de violences conjugales. Cette plateforme se veut être un espace gratuit, personnel et sécurisé pour les victimes et leurs proches. En effet il est possible de la quitter facilement par un bouton renvoyant vers le site de Météo France. Le site a été déployé sous l’égide des Ministre de la Justice, à l’Égalité entre les femmes et les hommes et à la Citoyenneté et sera davantage étendu début 2021.
Les outils sont nombreux, les initiatives fusent et tentent de répondre le plus efficacement possible aux besoins des victimes. Cependant le traitement des plaintes semble insuffisant et la justice leur fait défaut alors que la lutte contre les violences faites aux femmes a été présentée comme une cause majeure du quinquennat.
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